R. Brubaker voit l’hyperconnexion comme un fait total infusant l’ensemble du social. Le tout numérique révolutionne le rapport à soi, aux autres, à la culture, à l’économie ou à la politique. L’auteur omet néanmoins de penser l’encastrement du digital avec les formations sociales préexistantes.
Sociologue de l’action, penseur de la société post-industrielle et compagnon de la deuxième gauche, Alain Touraine (1925-2023) a défendu la capacité des sujets à reprendre le contrôle de leur vie. Portrait d’un grand intellectuel doublé d’un social-démocrate.
En analysant la relation du travail avec la vie vécue, Arnaud François montre comment la société de consommation conduit à augmenter aussi le temps de travail, tandis que la réduction des besoins pourrait aussi réduire la durée du travail qui les satisfait.
La crise sanitaire a montré que tous les métiers n’étaient pas exposés aux mêmes risques et que certains étaient plus fragiles que d’autres. La réforme des retraites n’a sans doute pas suffisamment pris en compte cette diversité des situations.
Nous consommons, nous jetons, nous gaspillons. Mais nous savons aussi prendre soin des choses et faire en sorte qu’elles durent. Les pratiques de maintenance sont nombreuses et instaurent une relation différente au monde.
Qu’est-ce qui lie les hommes entre eux et fait société ? Dans un livre ambitieux, le sociologue Serge Paugam traite ce sujet en croisant les champs de la sociologie et de la psychologie.
Avec l’arrivée massive de migrants en provenance d’Anjouan, le département de Mayotte s’enfonce dans la crise. Alors que les nouveaux venus s’entassent dans des bidonvilles, la délinquance monte en flèche et le gouvernement n’a d’autre réponse que sécuritaire. Que faire ?
Comment lutte-t-on aujourd’hui pour l’écologie ? Quelles relations ces luttes entretiennent-elles avec les autres luttes sociales ? Un nouvel ouvrage de la collection Puf/vie des idées étudie les évolutions récentes de ces luttes et leurs liens avec les autres mobilisations sociales.
Peut-on lutter contre les stéréotypes ? Loin d’aller de soi et de faire l’unanimité, cette injonction répétée pose des difficultés pratiques et conceptuelles. Comment concilier cette lutte avec la défense de la liberté d’expression ? Comment mesurer les effets et méfaits des stéréotypes ? Un monde sans stéréotypes est-il possible ?
Si Bourdieu et Passeron ont mis en évidence comment l’institution scolaire favorise les « héritiers », d’autres travaux ont montré comment la transmission se joue au sein des familles. L’une de ces enquêtes pionnières, réalisée outre-Quiévrain, republiée 45 ans après, n’a rien perdu de sa portée.
L’alpinisme trouve son origine dans l’esprit de l’impérialisme britannique du XIXe siècle. Il s’agit de porter au sommet les couleurs de l’Union Jack, mais aussi de manifester son goût du risque, en un « marathon des cimes » qui incarne le processus de distinction si cher à la gentry.
La dématérialisation de l’accès aux droits sociaux, loin de réduire le non-recours, ne fait qu’accentuer la fracture numérique. Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée.
Que fait la police ? Selon Paul Rocher, elle n’empêche nullement le crime et n’assure pas la sécurité publique. Quant au manque de moyen, ce n’est qu’un mythe. Apparue avec le capitalisme, elle maintient l’ordre établi ; mais un autre ordre est possible.
Les établissements d’enseignement privé contribuent fortement à la ségrégation scolaire, qui varie considérablement d’une localité à une autre. Lutter en faveur de la mixité implique de s’adapter aux particularités locales.
Le château de Villers-Cotterêts, dont le pouvoir actuel veut faire la Cité internationale de la langue française, servit longtemps de dépôt de mendicité, puis de maison de retraite entre 1889 et 2014, accueillant des vieillards indésirables. Il en reste d’éloquents “fichiers disciplinaires”.
Loin de constituer un monde gris et uniforme, les grands ensembles d’habitat social érigés dans les années 1960 abritent un foisonnement de vies et de mémoires, comme le montre Renaud Epstein à partir d’une importante collection de cartes postales les figurant.
Le Marché international des professionnels de l’immobilier se tient chaque année à Cannes. S’y promener est instructif : on y voit la manière dont les villes tombent sous l’emprise des marchés et comment certains élus locaux peuvent tomber sous le charme de grandes firmes.
Le maintien de l’ordre en France étonne par la violence dont il fait preuve, alors même que d’autres voies existent pour encadrer les manifestations. Il y a sans doute là une dérive, mais aussi le signe que les débats politiques ont de moins en moins de place au sein de nos institutions.
La distinction entre faire mourir et laisser mourir est au cœur en éthique médicale. Elle pousse à s’interroger sur ce qui est acceptable par les soignants, et plus généralement de ce que nous attendons de la médecine.
Ce recueil de sources permet de comprendre les relations, expériences, violences, mots du sexe du Moyen Âge à nos jours. Entre interdit et répression, les traces de la sexualité affleurent partout.
Pour la féministe africaine-américaine bell hooks, le patriarcat mutile la vie affective des hommes et les coupe de l’amour. Leur « guérison relationnelle » permettra le développement d’une masculinité féministe. Une thèse novatrice ou psychologisante ?
Si les entreprises échouent à intégrer et promouvoir les groupes minoritaires, c’est parce qu’elles s’obstinent à mettre en œuvre des programmes dont les sciences sociales ont prouvé de longue date l’inefficacité. Frank Dobbin & Alexandra Kalev proposent des actions plus démocratiques et inclusives.
La médiatisation des diplômés des Grandes écoles optant pour une carrière alternative correspond-elle vraiment à une tendance de fond à la fuite vers des aspirations professionnelles écologiques et sociales ? Une enquête récente sur ces étudiants d’élite fournit des éléments de réponse.
Une exposition itinérante, actuellement présentée à Marseille, explore les relations entre architecture, urbanisme et agriculture. Son curateur, Sébastien Marot, met des pratiques comme la permaculture et l’agroécologie au centre des débats.
Comment les femmes françaises issues de l’immigration arabe et maghrébine sont-elles devenues l’objet d’un fantasme collectif ? Si les mots de l’immigration révèlent des imaginaires et des pratiques discursives et sociales importantes à analyser alors celui de « Beurette » mérite aussi que l’on s’y penche.
Peut-on encore être domestique aujourd’hui en France ? À partir d’une ethnographie sur les conditions de travail et de vie de ces personnes, un ouvrage récent revient sur cette forme de “domination rapprochée” au cœur des processus de distinction sociale.
Si les normes de genre s’acquièrent dans la famille et à l’école, comment penser l’éducation de façon à promouvoir l’égalité et l’émancipation des femmes ? L’éducation féministe positive que propose Vanina Mozziconacci prend la forme d’une utopie communautaire, inspirée des politiques du care.
Le contrôle des médias par quelques grands groupes est un danger pour le pluralisme de l’information et, par conséquent, pour la démocratie. Des mesures anti-concentration fortes et un cadre règlementaire repensé doivent absolument défendre ce pluralisme.
La foresterie française est dans une impasse et souffre d’un manque de vision publique, l’Etat laissant les coudées franches aux propriétaires privés. Afin de poser les bases d’une filière forêt-bois vraiment durable, J.-P. Guyon plaide pour un abandon du principe de multifonctionnalité des forêts.
Le droit en fait-il assez pour protéger l’environnement ? Grégory Salle se penche sur la notion de crime environnemental pour montrer que les dispositions du droit restent limitées par une vision sociale favorable à l’exploitation technique et capitaliste de la nature.
Les salariés sont les premiers inventeurs, mais ils sont bien souvent expropriés de leurs droits par des stratégies juridiques qui captent leur savoir-faire. Se mettent alors en place des formes nouvelles de résistance, fondées sur l’open access.
La carte scolaire, instrument de répartition des élèves dans le secondaire fait l’objet de controverses régulières, autour de son rôle dans l’amplification de la ségrégation urbaine, et de son contournement possible. Peut-elle aussi être une solution aux inégalités sociales dans l’espace scolaire ?
Souvent désignée comme un modèle éducatif innovant, compatible avec des objectifs d’égalité des chances et d’accommodement du scolaire aux besoins de l’économie, l’École 42 fondée par Xavier Niel illustre avant tout une dérégulation du système éducatif par un acteur privé.
Depuis les années 1980, l’accompagnement des patients est considéré comme une forme de soin à part entière. Cette « éthique du care », devenue une notion-clé en philosophie, est pourtant incluse dans le pacte de solidarité qui régit l’État-providence français.
En Allemagne, le précariat s’impose traditionnellement comme un passage obligé de la carrière académique. Un livre analyse les transformations actuelles du recrutement des jeunes chercheurs outre-Rhin, et les mouvements sociaux qui les accompagnent.
Grâce aux stratégies commerciales et au lobbying des géants de l’agroalimentaire, les aliments ultra-transformés se multiplient dans nos assiettes. La satiété éphémère qu’ils provoquent favorise le surpoids et des risques plus élevés de maladies cardio-vasculaires et de diabète.
Le déclin de l’institution religieuse et l’essor de nouvelles spiritualités évacuent-elles les enjeux de pouvoir et d’autorité ? L’enquête de M. Wood dans les milieux du “New Age” et du méthodisme londonien replace le fait religieux dans ses rapports sociaux de pouvoir en contexte néolibéral.
L’évaluation scientifique des pratiques éducatives suffit-elle pour les améliorer ? Cette politique des preuves apparaît aux enseignants comme un obstacle à leurs pratiques quand elle s’appuie sur des généralisations statistiques sans prendre en compte leurs intuitions professionnelles.
Une enquête ethnographique montre que les citadins sont loin d’être indifférents à leur entourage public, qu’il s’agisse de faire l’aumône, se disputer, se livrer à la sociabilité pure ou encore perpétuer mais aussi combattre les discriminations.
Comment expliquer les variations entre les décisions judiciaires en matière pénale ? L’économiste Arnaud Philippe propose d’identifier les facteurs qui influent sur les jugements et la détermination des sanctions pénales à l’aide de l’idée d’expérience naturelle. Au risque d’oublier la sociologie ?