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Les classes moyennes selon Kracauer

À propos de : Siegfried Kracauer, Les Employés, Les Belles Lettres, et Martin Jay, Kracauer l’exilé, Le Bord de l’eau.


par Céline Barral , le 2 mai 2014


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Le lecteur français redécouvre aujourd’hui certains aspects de l’œuvre de Kracauer qui permettent de mieux situer son entreprise sociologique. Un retour précis sur l’histoire de la réception du texte Les Employés par Adorno, Bloch et Benjamin apporte un éclairage à l’élan vers le réel opéré par l’observateur satiriste.

Recensés : Siegfried Kracauer, Les Employés, éd. revue et augmentée de Nia Perivolaropoulou, traduction de l’allemand par Claude Orsoni, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Le goût des idées », 2012 ; et Martin Jay, Kracauer l’exilé, préface de Patrick Vassort, traduction de l’anglais par Stéphane Besson et de l’allemand par Danilo Scholz et Florian Nicodème, Lormont, Le Bord de l’eau, 2014.

À la fin de l’année 1929, Kracauer livrait dans le grand quotidien allemand Frankfurter Zeitung une enquête sur l’existence des employés de bureau à Berlin. Initialement en forme de feuilletons, l’étude parut en livre en 1930, sous le titre Die Angestellten. Aus dem neuesten Deutschland. Kracauer tentait d’y appréhender l’identité de cette classe moyenne, caractérisée en termes de « fausse conscience » : la classe moyenne, telle était sa thèse, n’a pas de conscience de classe propre qui soit adaptée à la réalité de son statut économique, mais est prise en tenaille entre un statut prolétaroïde et des aspirations bourgeoises.

La force du livre, réédité récemment aux éditions Belles Lettres, tient peut-être moins pour nous aujourd’hui dans ses analyses des classes moyennes, largement redéployées depuis les années 1930, que pour le face-à-face entre cette « fausse conscience » et le ton de l’ironie qu’adopte l’auteur. La réédition du texte en traduction française [1] invite à revenir sur l’ironie tenace, étonnante de l’ouvrage, discutée déjà par ses premiers commentateurs, Ernst Bloch, Walter Benjamin, Theodor W. Adorno, dont recensions et lettres sont placées en annexes. C’est également la question des amitiés intellectuelles et de leurs soubresauts que pose le récent Kracauer l’exilé, recueil d’articles (traduits de l’anglais ou de l’allemand) de Martin Jay, professeur à l’Université de Berkeley et historien de l’École de Francfort.

Aboutissement d’une formation entre la philosophie, la sociologie, l’architecture, et d’un travail de chroniqueur pendant plusieurs années pour la Frankfurter Zeitung, le livre est resté pour Kracauer une réussite importante, son premier succès public. Il est le produit d’une entreprise exigeante théoriquement cherchant à exposer ce que Kracauer nomme une « construction au sein du matériau » (« Konstruktion im Material ») ou encore une « dialectique matérielle » (« materiale Dialektik », Cf Adorno-Kracauer, Briefwechsel, 2008 p. 635). Morceaux de prose entre l’essai littéraire et l’étude sociologique, ces essais ne constituent pas des textes théoriques pour un lecteur d’aujourd’hui, mais ne se fossilisent pas non plus en document historique uniquement bon à servir à l’histoire des idées sous la République de Weimar ou aux entours de l’École de Francfort. L’édition des Belles lettres témoigne de la vivacité des recherches sur Kracauer en France ces dix dernières années, qu’attestent aussi bien la réédition de classiques — De Caligari à Hitler : une histoire psychologique du cinéma allemand (l’Âge d’homme, 1973, 1984, 2010), Le Roman policier, un traité philosophique (Payot, 1981, 2001) — que de nouvelles traductions — L’Histoire : des avant-dernières choses (Stock, 2006), L’Ornement de la masse : essais sur la modernité weimarienne (La Découverte, 2008), Théorie du film, la rédemption de la réalité matérielle (Flammarion, 2010) —, ou des monographies éclairantes, à la suite de celle d’Enzo Traverso (Siegfried Kracauer : itinéraire d’un intellectuel nomade, La Découverte, 1994, 2006) : par Olivier Agard (Kracauer : le chiffonnier mélancolique, 2010), Philippe Despoix et Peter Schöttler (Siegfried Kracauer : penseur de l’histoire, 2006) ou Nia Perivolaropoulou (Culture de masse et modernité, 2001 ; Siegfried Kracauer penseur de l’histoire, 2006).

Une œuvre hétéroclite ?

Martin Jay, auteur d’une thèse éditée en 1973 et traduite en français sous le titre L’Imagination dialectique : l’École de Francfort 1923-1950 (Payot, 1977, 1989 avec une préface de Miguel Abensour), a largement contribué à la réception de l’œuvre de Kracauer et à l’interprétation de son héritage outre-Atlantique. Le recueil en français paru en 2014 sous le titre d’ensemble Kracauer l’exilé regroupe des articles disparates de l’œuvre post-doctorale de Martin Jay, des années 1970 à 2012. Ceux-ci ont la particularité de bénéficier non seulement d’entretiens avec les membres de l’École de Francfort mais de la consultation des archives de Kracauer à Marbach am Neckar, dès 1974. Si certains articles pâtissent des quarante ans écoulés depuis ces recherches inaugurales – et sont insuffisamment complétés par des références aux plus récents travaux sur certains des sujets abordés par Jay, à commencer par la pensée de la traduction chez Walter Benjamin ou Franz Rosenzweig – le recueil présente une grande homogénéité, et nous invite à ressaisir le sens et la valeur de l’œuvre de Kracauer, mort en 1966, en tentant de penser une totalité à partir de l’hétérogénéité de ses textes, fragments, mosaïque, kaléidoscope.

Jay se demande comment « rédimer » le morcellement de l’œuvre de Kracauer et s’il est possible (et souhaitable) à partir de sa fin, de son grand-œuvre inachevé L’Histoire des avant-dernières choses, de reconstituer une totalité sans pour autant trahir les idées mêmes de Kracauer relativement à la totalité. Jay, partant ainsi de l’idée chère à Kracauer d’« anonymat chronologique », ne livre pas une biographie intellectuelle ordinaire, qui ferait de celui-ci un « intellectuel de Weimar », mais aborde sa vie du point de vue de ses propres concepts : le parcours et les choix du philosophe sont analysés grâce à la notion d’ « exterritorialité », qui désigne ici le retournement positif d’une position de marginalité, une façon de « rédimer la contingence » (Jay, p. 41). De même, les difficultés de l’amitié entre Kracauer et Adorno dans les années 1960, la constance au contraire de l’amitié avec Leo Löwenthal, sont relues au prisme de l’article de Kracauer « Sur l’amitié », d’une certaine culture épistolaire dont Walter Benjamin avait écrit l’épitaphe avec Allemands (1936). Les correspondances et les mémorandums laissés par Kracauer offrent des clés pour comprendre les critiques de Kracauer aussi bien envers la « dialectique négative » d’Adorno que l’esthétisme de Max Horkheimer.

Kracauer semble avoir cultivé la marginalité, aussi bien dans les années 1920 vis-à-vis du cercle réuni autour du rabbin Nehemiah Nobel, de Martin Buber et de Franz Rosenzweig, instigateur du Freies Jüdisches Lehrhaus à Francfort, que plus tard vis-à-vis de l’École de Francfort, à laquelle il n’appartint jamais tout à fait et dont il ne partagea ni le mépris pour la culture de masse, ni le choix du retour en terre et en langue allemandes après-guerre, ni non plus la tendance à priver les ressorts utopiques et la critique sociale de toute image ou de tout contenu concret (Jay, p. 171). Par ses études mêmes, qui lui font obtenir un doctorat en ingénierie sur « le développement du fer forgé dans la Prusse du XVIIe au XIXe siècle », par sa deuxième carrière en sociologie et philosophie, sur les traces de Georg Simmel et de Max Scheler, par sa situation de feuilletoniste à la Frankfurter Zeitung, qui lui assure une certaine autonomie idéologique et une pratique quotidienne de l’observation de la société, mais aussi par le choix d’un ton ironique, narquois, peu commun au genre du feuilleton allemand de l’époque (p. 48), Kracauer n’a cessé de se trouver à un pas de côté, ou un peu en arrière, tel Sancho Pança ou « à l’arrière-garde de l’avant-garde », en position d’ « exterritorial, à l’écart des courants dominants du radicalisme » (p. 54).

Les Employés, une des premières études de Kracauer, sont éclairés par ce parcours critique entrepris par Jay : le livre y apparaît comme une des œuvres les plus stimulantes et durables de Kracauer, la plus marquée sans doute aussi de ce ton ironique.

La « fausse conscience » des employés

L’édition de Nia Perivolaropoulou rappelle que Les Employés inspira directement le roman de Hans Fallada Quoi de neuf, petit homme ? (Kleiner Mann, was nun ?,1932). Le roman permet de suivre d’abord les vains espoirs, puis les efforts, les erreurs et l’apprentissage de l’employé Pinneberg, qui échappe progressivement aux aveuglements de cette « fausse conscience » de classe. Ceux que Kracauer rencontre et interroge n’ont pas cette chance. Ils gardent une certaine rigidité : la « sténotypiste encline à la réflexion » (Les Employés, p. 100), l’employée qui a voulu être traitée « comme une dame » (Id., p. 7), celui qui préférait « faire un travail intellectuel » plutôt que d’aller en usine, celle qui dit « peu importe ce qu’on fait, du moment qu’on n’est pas dans la production » (p. 66. « Une triste réponse et une bien fausse idée de ce qu’est la production » commente Kracauer), tous ceux qui ont acquis le « vernis littéraire » consistant à savoir clore une lettre par « Avec notre considération distinguée » (p. 17)..., et leurs paroles creuses ou leurs aspirations naïves servent à illustrer cette fausse conscience de classe, forgée par les dépliants publicitaires, les journaux internes d’entreprise, les bulletins des syndicats eux-mêmes.

Le montage de ces citations de nature distincte est une construction critique, visant le dévoilement des contradictions à partir des « phénomènes de surface ». L’œuvre est toujours de démystification. Comme le souligne Walter Benjamin dans sa recension placée en annexe, il s’agit de démasquer, de « déchiffrer les figures dissimulées sous les fantasmagories de jeunesse et de gloire, de culture et de personnalité », la misère qui « se camoufle sous le masque éclatant de la distraction » (Kracauer, 2012, p. 133 sq.). Mais Benjamin ne se satisfait pas de l’idée selon laquelle la fausse conscience de la classe moyenne serait l’ultime vérité offerte par la doctrine marxiste pour parler de cette classe :

On est tenté de comparer les processus par lesquels une situation économique tendue au-delà du supportable engendre une fausse conscience avec ceux par lesquels le névrosé ou le malade mental est conduit à sa propre fausse conscience par des conflits personnels qui sont source d’une insupportable tension. Aussi longtemps, du moins, que la doctrine marxiste de la superstructure ne sera pas complétée par celle, qui fait cruellement défaut, de la formation de la fausse conscience, on ne pourra guère expliquer autrement que par le refoulement comment les contradictions d’une situation économique engendrent une conscience qui ne lui est pas adéquate. (Benjamin, « Un outsider attire l’attention », p. 134)

D’autres textes de Kracauer s’attachent mieux à comprendre le processus individuel par lequel se forme une « conscience de classe » : « Le groupe porteur de l’idée » est par exemple une réflexion plus approfondie sur la notion de « conscience de classe », qui donne une perspective dynamique, en partant de l’individu créateur et en se demandant comment une idée devient commune à un groupe, et comment naît une conscience de classe (L’Ornement de la masse, p. 133). S’il faut replacer ce genre de réflexions dans le contexte des débats sur Histoire et conscience de classe de Lukacs, également débattu par Bloch, on reste frappé de la prudence – ou de l’approximation – des termes tentant de décrire le processus historique et la structure hiérarchique des classes comme « tension » des hommes dans une direction.

Pour Benjamin, la juste appréhension de la conscience des classes moyennes passe par l’observation de leur langage. Par un processus analogue au Witz (le « mot d’esprit »), se dévoile dans le langage des employés le désespoir suscité par leur position incommensurable. Benjamin s’intéresse donc avant tout aux formations langagières repérées par Kracauer, images parlantes qui sont celles de la langue des employés les plus conscients de leur situation : l’« orange sanguine », le « pédalage », le « cycliste » (Les Employés, p. 40), le « lèche-bottes » (c’est le journal d’entreprise) (p. 45)... À ces métaphores évocatrices prises au langage des employés répondent les formules des recruteurs, des directeurs et des syndicats d’employés : le « teint moralement rose » (p. 25) demandé aux chercheurs d’emplois, la « pause d’aération » (p. 29) gracieusement accordée aux jeunes filles – sœurs de celles du téléphone proustien, plutôt que du poinçonneur des lilas – qui perforent six heures de suite les cartes des machines Powers, permettant le décompte rationnel du temps de travail ; la « joie au travail » que voudrait atteindre la « psychologie scientifique du travail et des travailleurs » (p. 33) ; la machine, « instrument de libération » de l’homme (p. 35) selon les syndicats ; l’ « œuvre commune » qu’est censé être le journal maison d’un grand magasin, dont le responsable du personnel est soucieux de forger une « communauté » à coup d’« exploitation intensive » (du personnel), « comme dans l’agriculture », et de « préceptes moraux » intemporels : « travail du matin, de l’or dans les mains » (p. 79). W. Benjamin commente : « L’idée de communauté ? [Kracauer] y démasque une variété d’opportunisme destinée à pacifier les rapports économiques. » (p. 131)

Si le langage est imagé, chez les uns comme chez les autres, l’esthétisation n’est que de surface et le sens à donner aux métaphores varie beaucoup. Car la métaphorisation s’étend à la langue de Kracauer lui-même et devient nécessaire pour passer de cette surface des choses observées à l’analyse critique. À la « demeure en ruines » des valeurs bourgeoises traditionnelles se substituent progressivement des « casernes de plaisir » (la formule réjouit Ernst Bloch), des « asiles spéciaux pour les sans-abris » : les cafés, les halls d’hôtel, les cinémas, les lunaparks. Tous sont des lieux créés pour cette classe moyenne des employés, qui n’a pas « l’abri des concepts du marxisme vulgaire », sous lequel se réfugie le bon prolétaire syndiqué que Kracauer a en tête et regrette (p. 99). Ces images spatiales, architecturales, qui plaisent à Walter Benjamin, Kracauer tiendra tout de même à les différencier de celles de son ami, telles qu’elles apparaissent par exemple dans Sens unique. Une lettre à Adorno du 1er août 1930 en témoigne, où Kracauer écrit :

J’aimerais corriger une remarque sur les « références de mon travail ». Tu penses que j’ai accepté la formule de Benjamin qui voit dans les maisons les rêves du collectif. Mais ce n’est pas le cas. J’aborde certaines images spatiales comme des rêves de la société, parce qu’elles représentent l’être de cette société qui se trouve voilé par la conscience de celle-ci [je souligne]. Je ne rencontre donc Benjamin, qui du reste est d’accord avec moi, que sur le mot de rêve. C’est comme si l’on se croisait à un carrefour, et qu’on continuait notre route dans des directions différentes. Concevoir la ville comme un rêve du collectif me semble toujours une vision romantique. [2]

Outre le langage, Walter Benjamin insiste sur le ton de Kracauer, sur l’ironie diffuse du texte. Avec Kracauer, serions-nous dans la grande tradition des figures de satiristes et de misanthropes, de Thersite à Karl Kraus en passant par Timon, comme Benjamin le suggère ? L’ouvrage affiche pourtant une certaine modération, une volonté d’objectivité et de précision factuelle. C’est que pour Benjamin, la posture scientifique elle-même est minée chez Kracauer par l’ironie, qui atteint les références savantes aussi bien que le statut d’observateur neutre.

Kracauer mis à nu par ses célibataires

Kracauer prétend se passer de tout arrière-plan théorique, prendre le réel à la surface, pour y observer et analyser des « cas exemplaires » (Les Employés, « Préambule »), des « fragments » (Adorno), des « rébus » (Benjamin) du concret (voir Spurk, 2010), des « manifestations concrètes de surface ». Cette méthode le conduit à privilégier effectivement les pratiques culturelles de masse (le cinéma, le calicot, le voyage, la danse, les romans à succès...) plutôt que de partir de la théorie. Sans avoir tous les traits de ces sortes d’éloges paradoxaux qu’il nommait des « grotesques », les textes des Employés appartiennent à la même veine et s’inscrivent dans le prolongement de ces feuilletons courts dans lesquels Kracauer, sous des titres aussi variés que « Le piano » (Das Klavier, FZ, 23 février 1926), « Faux déclin du parapluie » (Falscher Untergang der Regenschirme, FZ, 7 avril 1926), « Les bretelles » (Die Hosenträger. Eine historische Studie, FZ, 30 octobre 1926), « Le monocle » (Das Monokel, FZ, 30 novembre 1926), entreprenait par le traitement ironique d’objets quotidiens, sa critique de la culture.

À qui s’adresse cette ironie ? Englobe-t-elle le locuteur lui-même, réellement mis en danger par les déductions de ses observations car n’est-il pas lui-même, le feuilletoniste de la FZ, un employé ? Et cette ironie atteint-elle les citations académiques, les références théoriques malgré tout convoquées par Kracauer au cours de son étude ? Benjamin juge ainsi que Kracauer « a même laissé tomber la toque doctorale du sociologue » (p. 130). Adorno voit au contraire dans ces citations de sociologues, sérieuses, des formes de compromis, des précautions prises par l’auteur vis-à-vis des discours scientifiques authentiques, garants de légitimité. Ce qu’Adorno reproche à l’ouvrage dans la lettre du 12 mai 1930 reproduite en annexe, c’est la mauvaise accointance entre « l’expérience première des choses et la démarche fondée sur la documentation », arguant que le recours aux sources n’apporte rien, par défaut d’analyse économique de fond, et contredit plutôt les atouts de la sociologie « de surface » mise en œuvre ici. Adorno donc, à la différence de Benjamin, ne met pas sur le même plan citations de références livresques scientifiques (citations académiques), et citations de « terrain », tirées des conversations avec les employés (appelons-les citations personnelles). Si c’est la méthodologie mixte et la présence de citations académiques qui le gênent en 1930, il jugera plus sévèrement l’usage majoritairement ironique des citations « personnelles » dans son essai bien ultérieur sur l’œuvre de Kracauer, « Un étrange réaliste : Siegfried Kracauer » (1964). Parlant par-delà la seconde guerre mondiale et le nazisme, il écrit au sujet des Employés :

Toutefois, le ton ironique auquel [le livre] se complaît lui enlève de sa portée. Après l’horreur que cette conscience contribua à engendrer, il semble à la fois anodin et un peu supérieur, ce qui est la rançon de l’hostilité de Kracauer envers une théorie qui, si on l’appliquait rigoureusement, ne donnerait pas de quoi rire. (Adorno, 1984, p. 275)

Pour Adorno, la posture de Kracauer, qui est celle de l’observateur à distance, de l’étranger, du voyageur, se confond finalement avec celle de la distanciation brechtienne, qui a perdu son principe d’étonnement et ne constitue plus qu’une convention. Adorno ajoute que le ton ironique de Kracauer dans Les Employés donne l’impression que c’est aux employés eux-mêmes, et non au système qui leur assigne leur place et qui fixe les coordonnées de cette « fausse conscience », qu’il s’en prend. Ce malaise d’Adorno par rapport à l’ironie du narrateur des Employés se justifie a posteriori, dans ce regard rétrospectif qu’est l’essai « Un étrange réaliste », par l’histoire du XXe et la montée des fascismes. Mais on trouve dès 1925 dans leur correspondance des débuts d’hostilités liés à ce ton « obstinément » (hartnäckig) ironique de Kracauer, auquel Adorno réplique en défendant « l’optimisme de la créature » (Adorno, Kracauer, 2008, p. 93). Ce qu’Adorno dès 1925 reprochait à l’ironie, il l’approfondira en raison historique après la seconde guerre mondiale. Il critique aussi le statut de la théorie et des bagages scientifiques apportés par Kracauer dans son livre, ces citations savantes, que l’on a dites académiques pour les distinguer des citations visiblement ironiques dites « personnelles ». Adorno regrette que cette combinaison entre observations directes (ou issues de conversations avec des employés, ou de la lecture d’articles de presse, de brochures professionnelles ou syndicales) et lectures sociologiques et économiques dénature la méthodologie initialement annoncée, censée ne reposer que sur l’observation des « phénomènes de surface ». Mais Kracauer entend bien prendre la réalité comme une « mosaïque » construite, non faire précéder l’analyse de cas d’une théorie unifiée, ni non plus, à l’inverse, se contenter d’une juxtaposition d’aperçus journalistiques, tels que le pratique le reportage. Le recueil de Martin Jay éclaire cette réception d’Adorno en situant ces différents points d’achoppement dans l’histoire longue de « l’amitié perturbée » entre Adorno et Kracauer.

Pour Benjamin en revanche, l’observateur est dénonciateur, satiriste, en combat, et donc mêlé à la réalité qu’il décrit. On peut donc interpréter sous deux aspects très différents l’approche de l’humain dans Les Employés : l’humain visé « mais dans son absence » selon Adorno, qui voit dans le sous-titre du livre « Images de l’Allemagne d’aujourd’hui » l’écho de cette mise à distance de l’homme : « Il y vise l’humain non par identification, mais dans son absence : rester en dehors comme médium de la connaissance. » (Adorno, 1984, p. 274) Ou au contraire, chez Benjamin, l’humain visé par la mise en danger de soi comme observateur : « le sentiment d’humanité naît de l’esprit d’ironie » (Benjamin, « Un outsider attire l’attention », Les Employés, p. 130), « la connaissance et l’humanité se sont réfugiées dans les sobriquets et les métaphores » car il y a « entente [...] entre cet outsider et le langage du groupe qu’il vise » (p. 133).

Kracauer en « milieu artificiel »

Les Employés doivent se lire dans le contexte de la littérature de reportage et de la « Nouvelle Objectivité » dans l’Allemagne des années 1920-1930, deux courants contre lesquels Kracauer se positionne dans son préambule. À qui s’adresse alors l’enquête ? À l’élite intellectuelle sans doute, aux syndicats de gauche peut-être, à l’ « opinion publique », écrit Kracauer dans l’introduction du livre : « il est grand temps que l’opinion publique se penche sur la condition sociale des employés, qui s’est transformée du tout au tout depuis l’avant-guerre. » (Kracauer, 2012, p. 10) Ici, il n’y a pas le « nous » de l’« observateur participatif » que serait par exemple Georges Orwell dans Quai de Wigan. Pas non plus le « nous » de la communauté démocratique constituée par le journalisme moderne selon Géraldine Muhlmann (Une histoire politique du journalisme, XIXe-XXe, PUF, 2004). Ni même un « je » capable de s’assimiler, de s’identifier au destin d’employé : comme le montre Antonia Birnbaum, le trouble du « je » en voie d’être recruté comme employé passe par une transformation kafkaïenne, dont témoigne peut-être le S. du signataire, double du K. kafkaïen [3]. Les essais (Aufsätze) de Kracauer dans cette période des années 1920-1930 se divisent en deux lots bien distincts : d’un côté tous les essais consacrés aux masses modernes des grandes villes – il faut adjoindre aux Employés les essais de L’Ornement et la masse comme « Le voyage et la danse », « Les livres à succès et leur public », « Révolte des couches moyennes » ; de l’autre côté, le grand article « Ceux qui attendent » (« Die Wartenden », FZ,12 mars 1931, L’Ornement de la masse, p. 107-118), qui porte sur les « professions libérales » parmi lesquelles il faut situer les « intellectuels ». L’essai catégorise les différents types de réactions des intellectuels [4] au désenchantement, à la perte de transcendance, et, parmi eux, il forge une catégorie ultime, celle de « ceux qui attendent », des « desperados intellectuels », dont la souffrance métaphysique est consciente, lucide. Cette opposition entre la fausse conscience des couches moyennes (fausse identité construite sur la séparation illusoire d’avec le prolétariat, faux maintien des valeurs culturelles bourgeoises ou d’aspirations petites bourgeoises...) et l’angoisse métaphysique lucide de ceux qui savent ce qu’ils ont perdu est au fondement d’un grand nombre de textes de Kracauer, et notamment « Le Hall d’hôtel » (Id., p. 148-159).

S’il se produit finalement une contamination possible de l’essence d’employé dans l’observateur Kracauer, c’est peut-être dans la mesure où le métier de journaliste pour un intellectuel critique suscite aussi une conscience faussée, est aussi un « milieu artificiel ». L’angoisse métaphysique lucide de Kracauer feuilletonniste à la Frankfurter Zeitung est de descendre l’échelle intellectuelle, de se retrouver associé à un groupe professionnel dont on souhaite à tout prix être distingué, celui des reporters, des journalistes de métier. Si Ernst Bloch intitule sa recension « Künstliche Mitte » (« Milieu artificiel », mais milieu au sens de « moyen terme », « centre », « entre-deux » et non d’ « environnement », Umwelt) c’est pour désigner cette conscience faussée, bercée d’illusions, de la classe moyenne qu’étudie Kracauer. Mais celui-ci est aussi en eaux troubles lorsque refusant d’être pris pour un journaliste il rejette aussi la méthodologie de la science, de la sociologie. Le risque est d’être à son tour « sans abri », ou « sans famille » : « sans abri » institutionnel comme il le sera toute sa vie, en marge de l’École de Francfort, puis de la sociologie américaine ; « sans abri idéologique » comme le dira son essai Théorie du film (1960), voyant dans cette ère post-idéologique une évolution positive (Jay, p. 178).

Dans la correspondance de Kracauer et d’Adorno, bien plus tard, s’exprime encore cette crainte. Alors qu’une élogieuse recension de Reinhard Baumgart a paru dans le Zeit suite à la publication de L’Ornement de la masse, Kracauer se montre insatisfait de ce que Baumgart, insistant sur ses débuts à la Frankfurter Zeitung, l’a placé « quelque part entre Tucholsky et Benjamin, entre Jakobsohn et Adorno » et a fait de lui un « inspirateur et médiateur des idées » plutôt qu’un philosophe ou qu’un sociologue véritable [5]. Sans doute Kracauer aurait-il préféré la famille qui l’unit à Adorno, Benjamin et Bloch dans cette réédition des Employés. Cette famille ne fut pas sans crises ni conflits mais ce fut bien la sienne et il est important de se familiariser d’abord avec ce « milieu »-là (Umwelt), comme le fait Martin Jay, plutôt que de trop vite prêter à Kracauer des neveux qu’il reconnaîtrait avec peine (Carlo Ginzburg, les tenants de la micro-histoire...), ou de lointains cousins parmi les « nouveaux journalistes », les praticiens de la « thick description », etc. À cet égard on complètera la lecture de l’introduction de Nia Perivolaropoulou par deux autres lectures : l’introduction par Olivier Agard de L’Ornement de la masse (Kracauer, 2008) et la préface placée en tête de L’Histoire des avant-dernières choses (Kracauer, 2006). Jacques Revel y problématise le passage des « cas exemplaires » des Employés à la « pensée par cas » (Passeron et Revel, 2005) des sciences humaines actuelles. Ainsi la sociologie hétérodoxe de Kracauer doit se penser avec sa vision de l’histoire, elle-même en voie de redécouverte (Perivolaropoulou, 2006).

Si l’« élan vers le réel » que Kracauer s’honore de réaliser dans sa sociologie des « phénomènes de surface », suscite toutes sortes d’appels enthousiastes à repenser la sociologie, l’anthropologie, l’écriture par cas ou le journalisme, il n’est pas toutefois d’interprétation univoque. Il ne doit pas faire oublier l’ambiguïté de cette énonciation ironique mise en œuvre dans Les Employés et la difficile intégration des ressources académiques jugées malgré tout nécessaires pour asseoir l’observation de rue. La réédition de 2012, en faisant entendre, par une sorte de montage, les frictions au sein d’un même milieu intellectuel et culturel, est aussi un encouragement à la critique sous toutes ses formes, contre toute idée trop simpliste de communauté. Et cela résonne dans les reproches de Kracauer à l’égard de la pensée « tardive », en retard, donc destructive, de Benjamin sur la réalité : « Il se détourne si bien de l’immédiateté qu’il ne se confronte même pas avec elle. » (L’Ornement de la masse, p. 14, à propos de Sens unique) ou encore : « Il ne sait pas ce que c’est que l’élan qui s’ouvre vers le réel. Il y a là chez lui un manque. » (Avant-dernier extrait de la correspondance avec Adorno, en annexe des Employés, 2012, p. 144)

par Céline Barral, le 2 mai 2014

Aller plus loin

Éditions antérieures :
KRACAUER Siegfried, Les Employés. Aperçus de la nouvelle Allemagne, éd. Nia Perivolaropoulou, trad. Claude Orsoni, Paris, Éd. Avinus, 2000 ; éd. revue et corrigée, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, Avinus, 2004.
KRACAUER Siegfried, Die Angestellten. Aus dem neuesten Deutschland, in Werke, t. 1 [Soziologie als Wissenschaft. Eine erkenntnistheoretische Untersuchung ; Der Detektiv-Roman. Eine Deutung ; Die Angestellten. Aus dem neuesten Deutschland], éd. Inka Mülder-Bach et Mirjam Wenzel, Francfort, Suhrkamp, 2006.
BENJAMIN Walter, « Un outsider attire l’attention. Sur Les Employés de S. Kracauer » (« Ein Außenseiter macht sich bemerkbar »), paru à l’origine sous le titre « Politisation de l’intelligentsia » (« Politisierung der Intelligenz », Die Gesellschaft, VII, mai 1930). Autre traduction, sous le titre « Un marginal sort de l’ombre » dans W. Benjamin, Œuvres II, trad. Pierre Rusch, Paris, Gallimard, p. 179-188.
BLOCH Ernst, « Milieu artificiel. A propos des Employés de S. Kracauer », paru en décembre 1930 dans Die Neue Rundschau puis remanié et intégré dans Héritage de ce temps (Erbschaft dieser Zeit, 1935), trad. Jean Lacoste, Paris, Payot, 1978.
ADORNO Theodor W. et KRACAUER Siegfried, Briefwechsel 1923-1966 [Correspondance, inédite en français], Francfort, Suhrkamp, 2008.

Voir aussi :
ADORNO Theodor W., « Un étrange réaliste : Siegfried Kracauer » (DATE), Notes sur la littérature, Paris, Flammarion, 1984, p. 263-283.
ADORNO Theodor W., Minima Moralia. Réflexions sur la vie mutilée, Paris, Payot&Rivages, 2003.
KRACAUER Siegfried, L’Ornement de la masse. Essais sur la modernité weimarienne (Das Ornament der Masse. Essays, Francfort, Suhrkamp, 1963), éd. Olivier Agard et Philippe Despoix, trad. Sabine Cornillle, préface d’O. Agard, Paris, La Découverte, 2008.
BENJAMIN Walter, Briefe an Siegfried Kracauer : mit vier Briefen von Siegfried Kracauer an Walter Benjamin, éd. Theodor W. Adorno Archiv, Marbach am Neckar, Deutsche Schillergesellschaft, 1987.
BLOCH Ernst, Briefe 1903-1975, Francfort, Suhrkamp, 1985.
FALLADA Hans, Quoi de neuf, petit homme ? (Kleiner Mann - was nun ? paru dans la Vossische Zeitung du 20 avril au 10 juin 1932), trad. Laurence Courtois, Denoël, 2007, rééd. Gallimard, 2009.
MANN Thomas, Considérations d’un apolitique (Betrachtungen eines Unpolitischen, 1918), trad. Louise Servicen et Jeanne Naujac, Paris, Grasset, 2002.
NIETZSCHE Friedrich, Humain trop humain (Menschliches, Allzumenschliches, 1878), éd. Marc de Launay, trad. Robert Rovini, Paris, Gallimard, 1988.
ROTH Joseph, Lettres choisies 1911-1939, trad. et éd. Stéphane Pesnel, Paris, Seuil, 2007.

Comptes rendus antérieurs :
(sur L’Ornement de la masse) BAUMGART Reinhard, « Ein Philosoph, der ins Kino ging. Späte Bekanntschaft mit Siegfried Kracauer », Die Zeit, 11 octobre 1963.
BIRNBAUM Antonia, « K... sociologue. A propos des Employés de S. Kracauer », Tumultes, 2001/2-2002-1 (N°17/18), p. 397-417.
MURARD Numa, compte rendu des Employés, revue Mouvements, 2005/3, n°39-40, p. 205-207.

Articles critiques et études :
AGARD Olivier, Kracauer. Le Chiffonnier mélancolique, Paris, éd. du CNRS, 2010.
JAY Martin, « Adorno and Kracauer : Notes on a Troubled Friendship », in Permanent Exiles, p. 217-236.
LAPIERRE Nicole, « De Georg Simmel à Siegfried Kracauer », Communications, 70, 2000, p. 45-52.
LDER-BACH Inka, « Réflexions sur la phénoménologie de la surface de Siegfried Kracauer », in J. Fürnkäs et G. Raulet (dir.), Weimar : le Tournant esthétique, Anthropos, Paris, 1989, p. 273-286.
PERIVOLAROPOULOU Nia, « Siegfried Kracauer : “un outsider attire l’attention” », L Homme et la société, n°121-122, 1996, Citoyenneté et lutte des classes, p. 179-183.
PERIVOLAROPOULOU Nia (dir.), Culture de masse et modernité. Siegfried Kracauer sociologue, critique, écrivain, Paris, éd. de la MSH, 2001.
PERIVOLAROPOULOU Nia, « Cinéma et modernité chez Siegfried Kracauer », colloque « Cinéma et modernité culturelle, 1910-1939 », INHA, 1er décembre 2011.
STEINMETZ George, « La sociologie historique en Allemagne et aux Etats-Unis : un transfert manqué (1930-1970) », dans Genèses 2008/2 (n°71), p. 123-147.
SPURK Jan, « Les Employés : l’ébauche d’une critique de l’industrie culturelle », La Pensée de Siegfried Kracauer, Sociétés, n°110, 2010/4, p. 21-28.
TRAVERSO Enzo, Siegfried Kracauer. Itinéraire d’un intellectuel nomade (1995), Paris, La Découverte, 2006.
VASSORT Patrick, « Sous le regard de Kracauer. Socio-anthropologie politique du temps présent », Raisons politiques, 2012/1, n°45, p. 235-249.
VINCENT Marie-Bénédicte, « Les employés sous la république de Weimar. L’historien face au bestseller de Hans Fallada, Quoi de neuf, petit homme ? (1932) », Vingtième siècle, 2011/4, n°112, p. 10-26.

Pour citer cet article :

Céline Barral, « Les classes moyennes selon Kracauer », La Vie des idées , 2 mai 2014. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/Les-classes-moyennes-selon

Nota bene :

Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction (redaction chez laviedesidees.fr). Nous vous répondrons dans les meilleurs délais.


Notes

[1L’édition de 2012 aux Belles Lettres, dans la collection « Le goût des idées », est une réédition « revue et augmentée » de l’édition Avinus (2000, 2004), dans la même traduction de Claude Orsoni. L’ouvrage y était déjà présenté par Nia Perivolaropoulou et complété de la recension de Walter Benjamin. La réédition de 2012 actualise les notes et l’introduction et enrichit la traduction d’une recension du livre par Ernst Bloch et de quelques extraits de la correspondance entre Kracauer et Adorno. L’appareil critique bénéficie aussi de l’édition allemande des œuvres complètes de Kracauer en neuf volumes, parue chez Suhrkamp en 2006, elle-même nourrie des archives Kracauer à Marbach, et de l’édition en 2008 (Suhrkamp), de la longue correspondance échangée entre Kracauer et Adorno de 1923 à la mort de Kracauer en 1966.

[2Kracauer à Adorno, Briefwechsel, p. 240-241.

[3Antonia Birnbaum a proposé de relire cette ironie qui traverse Les Employés comme une ironie socratique réinvestie par Kafka (Birnbaum, 2001-2002).

[4L’essai est très polémique contre les « esprits messianiques Sturm und Drang », formule qui vise notamment Ernst Bloch dont Kracauer avait déjà éreinté le livre Thomas Münzer : théologien de la révolution (Kracauer, « Prophetentum », FZ, 27 août 1922, Schriften, t. 5.1 : Aufsätze 1915-1926, Francfort, Suhrkamp, 1990, p. 196-204) au prix d’une douleur durable pour Bloch, rapportée par Adorno dans une lettre à Kracauer du 20 février 1928 (Adorno, Kracauer, Briefwechsel, p. 165 sq.). Bloch avait d’abord vertement réagi à ce compte rendu (Bloch, « Durch die Wüste », 1923, p. 61-65, et Bloch, 1985, p. 265-267) ; l’article de Kracauer contre Buber et Rosenzweig (« La Bible en allemand », FZ 1931. In L’Ornement de la masse, p. 163-175) lui a permis, admet-il, de mieux comprendre la teneur de la critique antérieure de Kracauer contre son propre ouvrage (Bloch, 1985, p. 269-270). Ceci pour situer davantage la recension d’Ernst Bloch insérée dans le volume des Employés sans mise en contexte (Kracauer, 2012).

[5Kracauer à Adorno, lettre du 16 janvier 1964, Briefwechsel, p. 639.

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