Qu’ont en commun le trille, l’arabesque, la métaphore ? L’ornement est-il une simple décoration accidentelle, ou manifestation essentielle du rapport qu’entretient l’esprit avec l’ordre du monde ?
Le secret et les mensonges autour des essais nucléaires menés en Polynésie et de leurs effets délétères n’ont cessé de nourrir suspicion et rancœur à l’égard de l’État, en raison des entorses faites à la démocratie dans ces territoires issus de la colonisation.
En étudiant des aspects méconnus de l’histoire de la pensée française du XXe siècle et des auteurs sensibles à la diversité des modes de connaissance, Frédéric Fruteau de Laclos rédige un manifeste pour l’empirisme et un appel à lutter contre l’ethnocentrisme.
La série japonaise, The Journalist, offre un terrain original d’analyse du milieu médiatico-politique japonais en donnant accès à des pratiques et des scènes politiques difficilement observables en raison de l’opacité qui couvre la haute administration.
Les institutions et les procédures de la démocratie aboutissent-elles à davantage de justice sociale que les régimes autoritaires ou qu’un hypothétique gouvernement des experts ? Elles le peuvent, suggère un philosophe, en vertu de l’impartialité qu’elles favorisent entre les citoyens.
À partir d’une enquête sur l’expérience sociale des individus situés au dessus de la norme pondérale de trois pays européens, Solenn Caroff explore les logiques de la stigmatisation fondée sur le poids.
Les pavillons n’ont pas bonne presse. On leur reproche de ne pas respecter l’environnement, ou encore de correspondre à un modèle très consumériste de société. Autant de critiques très injustifiées : le pavillon pourrait bien être l’avenir du logement.
Des mégalopoles immenses où les individus se perdent, des systèmes froids où les personnages sont de simples rouages, des métiers dans lesquels les hommes s’épuisent : Michael Mann pose un regard acéré et mélancolique sur le monde contemporain.
Le roi lydien, Crésus, crut être assez riche et puissant pour conquérir le royaume de son voisin Cyrus. Mal lui en prit. Peut-on dresser des analogies avec certaine guerre actuelle ? Exercice risqué, mais comment y résister quand on est historien de l’Antiquité, et que l’on vit non loin du champ de bataille ?
Le sociologue A. Mathieu-Fritz analyse le développement de la télémédecine, mise en lumière par la pandémie. Il étudie les évolutions des pratiques des professionnels de santé, du « colloque singulier » avec le patient, les délégations entre les métiers.
Le monde numérique est la résultante de l’accumulation de siècles de progrès scientifiques et organisationnels. La virtualité est par ailleurs rendue possible par la matérialité des ordinateurs, objets qui sont eux-mêmes le produit d’échanges économiques et du travail.
Les produits numériques changent notre façon de vivre. Grandissant dans un monde hyperconnecté, la nouvelle « génération Z » a développé des comportements, des attitudes et des valeurs différents.
L’existence d’un panopticon numérique aux mains d’un petit nombre d’entreprises n’ayant aucun compte à rendre démocratiquement menace la dignité humaine et à l’autodétermination. Les risques et les avantages des nouvelles technologies doivent être maîtrisés par des technologies sociales adéquates.
Cinq spécialistes des nouvelles technologies partagent leurs points de vue sur les espoirs et les dangers portés par la révolution numérique en cours. Leurs réponses révèlent le besoin urgent d’approfondir nos réflexions sur les conséquences politiques, sociales et économiques de cette transformation de nos sociétés.
L’évolution technologique a dépassé le droit existant, créant un vide de gouvernance. Le besoin urgent d’un renouvellement des réglementations conduira probablement à des systèmes autonomes et clos, et augmentera encore la fragmentation de l’ordre mondial.
Le monde numérique, selon Nilam Ram, est le produit de transactions mutuelles entre les technologies et les humains. Il crée de nouvelles formes de connaissances qui renforcent le pouvoir des citoyens et leur capacité à contribuer à une science plus égalitaire.
Le dernier ouvrage de Catherine Colliot-Thèlène, récemment disparue, couronne une œuvre majeure de philosophie politique, qui pour comprendre le monde contemporain s’est nourrie d’une relecture, minutieuse et lumineuse, des classiques.
La philosophie moderne à partir de Descartes possède des ressources insoupçonnées pour penser la question du sexe et du genre : il est possible de les exploiter encore aujourd’hui, montre Marie-Frédérique Pellegrin.
Dans l’État de Rio de Janeiro, les milices, descendantes des “Escadrons de la mort” et soutenues par Jair Bolsonaro, font régner la terreur sur la moitié du territoire ainsi que sur la vie politique et nationale.
Alors que les discours racistes et xénophobes ne cessent de s’imposer dans l’espace public des pays occidentaux, il peut être fécond de se pencher sur l’œuvre du sociologue britannique Stuart Hall, qui fournit de nombreuses clés pour appréhender ce phénomène mouvant, en dépit d’une focalisation sur les arts visuels à la fin de sa vie.
La sociologie, professait P. Bourdieu, enferme en elle-même le pouvoir de se réfléchir et en particulier de réfléchir sur sa propre scientificité. Quatre textes rares ou inédits illustrent cette doctrine, dont les attendus restent discutables.
La politique de dédoublement des CP et CE1 de l’éducation prioritaire a exercé des effets modérés, voire nuls, sur la progression scolaire des élèves. Une autre limite de cette politique tient au fait qu’elle concerne moins de 15 % des élèves en difficulté scolaire scolarisés à l’école élémentaire.
Alors que l’écologie politique s’affirme encore difficilement sur la scène nationale, il est bon de retrouver le dialogue Gorz/Marcuse, qu’une nouvelle édition replace dans l’histoire de la pensée critique en exhumant des textes rares sinon inédits des deux intellectuels de la nouvelle gauche.
Loin d’une bataille d’ego entre universitaires, les polémiques qui entourent la personne et l’œuvre de Louise Labé révèlent des biais méthodologiques, mais aussi le poids des stéréotypes genrés sur les pratiques scientifiques.
La liberté est-elle un privilège blanc, circonscrit par des rapports de pouvoir fondés sur la race ? Telle est la question subversive que posait avant de disparaître en 2021 l’historien américain Tyler Stovall en comparant les empires américains, français et d’autres encore, sur deux siècles.
Partant de cas réels, la philosophe féministe Amia Srinivasan réfléchit aux stéréotypes qui façonnent nos désirs et nos représentations, et à ce que le croisement des dominations fait à la sexualité. Pour mieux imaginer la libération sexuelle du XXIe siècle.
Vladimir Poutine pensait soumettre l’Ukraine en quelques semaines, mais les Ukrainiens ont largement prouvé leur capacité de résistance, et leur farouche désir d’exister dans une nation indépendante, moderne et démocratique.
L’environnement est devenu une préoccupation majeure, mais sa prise en compte dans des politiques économiques implique d’en proposer une forme de quantification - or, « mesurer » l’environnement soulève de difficiles questions techniques, mais aussi d’importants choix politiques et sociaux.
On se trompe beaucoup sur l’Amazonie. On y voit une forêt première et sauvage, alors qu’elle est l’objet d’une gestion raisonnée par les Amérindiens de leur environnement. La biodiversité est aussi le produit de nos efforts.
Dès l’âge de trois ans, Michel s’est engagé en politique et n’a jamais cessé de s’impliquer, au PCF qu’il n’a jamais quitté, comme dans le soutien des gosses de la Cité où il réside depuis toujours, en passant par la Guinée et la Fête de l’Huma.
Savez-vous vraiment ce qu’est l’intersectionnalité ? Et l’épistémologie du positionnement ? Un nouveau recueil d’introduction à la philosophie féministe interroge la relative méconnaissance de la pensée féministe par la philosophie française et met au jour la promesse d’émancipation qui l’anime.
Comment l’année 1962, où le pouvoir bascule des autorités coloniales aux représentants du peuple algérien, a-t-elle été vécue par la simple population ? Faute d’archives, Malika Rahal propose une histoire incarnée des émotions.
C’est aussi une bataille mémorielle qui se livre entre la Russie et l’Ukraine. Quelle est la part de l’histoire dans la reconstitution d’un sentiment national ukrainien depuis l’indépendance recouvrée en 1991 ?
Face à une crise environnementale inédite, Hockett et James proposent de faire de la création monétaire un nouvel instrument de politique publique. Les préconisations concernant l’investissement public et l’inflation demeurent toutefois floues.
Les réformes constitutionnelles en Russie ces dernières années et les lois bridant toutes les formes de contre-pouvoir ont eu raison de l’opposition politique à Poutine, dont le pouvoir ne peut plus être contesté. De quoi alimenter le divorce avec une société civile très plurielle, et de plus en plus méfiante.
Qu’est-ce qu’un “bon parent” dans la ville ? Entre menace perçue et prise d’autonomie, l’enquête menée par Clément Rivière montre les désirs et les injonctions contradictoires auxquels font face les parents dans l’encadrement de leurs enfants.
Rocky n’est pas un simple personnage de film, mais une figure qui porte les aspirations de l’homme blanc et viril dans la culture populaire américaine – fantasme d’une nation qui l’emporte toujours contre le Noir et le communiste.
Les négociations autour de la guerre en Ukraine laissent perplexe. Qui peut endosser le rôle de médiateur dans de telles circonstances ? Peut-on prendre au sérieux l’idée même de médiation, compte tenu de l’ampleur des exactions commises par la Russie en Ukraine ?
L’ouvrage monumental de David Graeber et David Wengrow sur la formation des sociétés et des inégalités rompt les barrières entre archéologie préhistorique et ethnologie pour ouvrir sur un vaste projet anthropologique. Il échoue toutefois à articuler le champ politico-culturel et celui de la nature.
La mémoire n’est pas qu’un phénomène cognitif, linguistique et social. Elle est aussi une catégorie d’action publique qui fait l’objet de vives controverses politiques. Il est donc impératif de se demander à quoi et à qui servent les différentes commémorations du passé.