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La rédaction publie





Pour des raisons déontologiques, nous ne donnons pas recension des livres suivants, parce qu’ils sont publiés par des membres de la rédaction ou dans des collections qu’ils dirigent.

Nous ne faisons donc que les signaler.

La rédaction de La Vie des Idées


Philippe Sansonetti, Tempête parfaite. Chronique d’une pandémie annoncée. Seuil, Les livres du nouveau monde, septembre 2020.

« Tempête parfaite », « The perfect storm », désigne une épidémie où tous les facteurs se conjuguent pour aboutir à un drame pandémique. De janvier à juin 2020, Philippe Sansonetti a tenu sur la Vie des idées une chronique de la pandémie de Covid-19 : perception par la population et les médias, réponse des autorités, avancées de la recherche. Il y montre une maladie liée à l’empreinte croissante de l’homme sur la planète, nécessitant une conversion radicale de nos comportements. Mais la responsabilité humaine, ce sont aussi les avertissements lancés de longue date par la science et peu entendus par les pouvoirs publics asservis au court terme et par une population mal informée. Le « temps scientifique », bien qu’il ne cesse de s’accélérer, ne coïncide pas avec le temps médiatique ou politique. Les chapitres de cet ouvrage, rédigés en temps réel, sont des points d’étape montrant que la science n’est pas un répertoire de réponses toutes faites, mais une quête renouvelée de certitudes. Cette chronique plaide pour l’Anticipation et la Prévention.


La Haine des clercs. L’anti-intellectualisme en France , par Sarah Al-Matary. Le Seuil, mars 2019.

La France serait la patrie des intellectuels. Ce lieu commun occulte la virulence des haines que s’attirent les clercs au « pays qui aime les idées ». Faut-il considérer que les accès d’anti-intellectualisme que l’histoire a retenus ‒ l’affaire Dreyfus, le « procès de l’intelligence », la « querelle des mauvais maîtres » ‒ ne seraient que des accidents de parcours propres à dramatiser le récit national ?
Cet ouvrage montre au contraire que l’anti-intellectualisme manifeste, en France, une ardeur continue depuis le XIXe siècle. De Proudhon à Michel Houellebecq, des anarchistes aux catholiques intransigeants, des nationalistes maurrassiens aux maoïstes ou aux situationnistes, il entrelace des traditions à première vue contradictoires, dont les clivages manichéens – entre la gauche et la droite, l’art et la critique, la mondanité et la science, l’élitisme et le populisme – ne permettent pas d’appréhender la convergence au sein d’une culture partagée.
Aux « rhéteurs », aux « gendelettres », au « prolétariat des bacheliers », aux « fonctionnaires de la pensée », aux « intellectuels fatigués », à l’« intelligentsia », on reproche de servir le pouvoir ou de subvertir le peuple, de s’engager ou de se taire, de parler pour les autres ou de disserter entre eux… Mais derrière le procès des intellectuels, le plus souvent instruit dans leurs rangs, c’est moins une « guerre à l’intelligence » qui est menée que des batailles de frontières autour de leur place en démocratie.


La lutte et l’entraide - L’âge des solidarités ouvrières , Le Seuil, collection L’Univers historique, février 2019.

par Nicolas Delalande

Les ouvriers peuvent-ils s’organiser à une échelle internationale pour lutter contre la mondialisation du capital et la concurrence sociale généralisée ? Poser la question pourrait paraître incongru en ce début de XXIe siècle, où les mots d’ouvriers, de solidarité et d’internationalisme s’apparentent, dans le meilleur des cas, aux vestiges d’un passé lointain. L’oubli de cette histoire alimente un débat piégé, dont le schématisme sature et appauvrit l’espace public. Mais ni notre passé, ni notre présent politique ne se résument à une opposition stérile entre libéralisme inégalitaire et repli nationaliste. D’autres voies ont existé, qu’il importe de retrouver pour sortir d’un face-à-face aussi pauvre sur le plan intellectuel que dangereux pour notre avenir collectif. Pendant un siècle, des années 1860 aux années 1970, les mouvements ouvriers, socialistes, anarchistes, communistes, syndicalistes, avec leurs sensibilités propres, furent porteurs d’un projet internationaliste puissant, dont l’objectif n’était pas de fermer les frontières ou de restreindre les échanges, mais de bâtir une mondialisation des solidarités ouvrières, par-delà les différences nationales et linguistiques qui pouvaient les séparer. La défense des classes populaires ne passait pas par le repli, l’autarcie ou le rejet de l’autre, plutôt par la coordination internationale des combats et des revendications. Ce projet ambitieux, auquel bien peu croyaient à ses débuts, fut souvent chaotique, conflictuel et contradictoire. L’empreinte qu’il a laissée sur la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle est néanmoins considérable.


Controlling Credit. Central Banking and the Planned Economy in Postwar France, 1948–1973 , Cambridge University Press, Octobre 2018, 350 p.

par Éric Monnet.

It is common wisdom that central banks in the postwar (1945–1970s) period were passive bureaucracies constrained by fixed-exchange rates and inflationist fiscal policies. This view is mostly retrospective and informed by US and UK experiences. This book tells a different story. Eric Monnet shows that the Banque de France was at the heart of the postwar financial system and economic planning, and contributed to economic growth by both stabilizing inflation and fostering direct lending to priority economic activities. Credit was institutionalized as a social and economic objective. Monetary policy and credit controls were conflated. He then broadens his analysis to other European countries and sheds light on the evolution of central banks and credit policy before the Monetary Union. This new understanding has important ramifications for today, since many emerging markets have central bank policies that are similar to Western Europe’s in the decades of high growth.


Frontiers of Responsibility for Global Justice. Social Philosophy. Volume 49, Issue 3, Fall 2018, p. 373-503, sous la direction de Juliette Roussin et Mathilde Unger.

Depuis la parution de Political Theory and International Relations de Charles Beitz, en 1979, le concept de justice mondiale a suscité l’intérêt croissant des philosophes politiques, ce dont atteste aujourd’hui l’abondance de la littérature sur le sujet. Ce numéro spécial du Journal of Social Philosophy se penche sur les responsabilités individuelles et collectives à l’échelle mondiale. Dans un monde marqué par des interdépendances croissantes, nous ne pouvons pas nous dégager d’une certaine responsabilité dans la perpétration d’injustices même lointaines. Pourtant, la nature et les conséquences d’une telle responsabilité sont loin d’être évidentes. Des injustices environnementales au sort des travailleurs migrants, le numéro regroupe les contributions de Corwin Aragon et Alison Jaggar, Virginia Held, Catherine Larrère, Maeve McKeown, Andrea Sangiovani et Kok-Chor Tan.


Spinoza, philosophe en équilibre, Paris, Ellipses, 2018

par Ariel Suhamy

L’équilibre, notion introuvable et omniprésente chez Spinoza. L’enfant dont le corps est « comme en équilibre » illustre le mécanisme d’imitation des affects, au coeur de la psychologie spinoziste. Mais où trouverons-nous la définition de l’équilibre ? Chez l’âne de Buridan, pris entre deux désirs strictement équivalents, et modèle du « libre-arbitre » ? Mais celui-ci n’est qu’une illusion, même si souvent les hommes ne savent plus où se tourner et flottent entre deux affects contraires, espérance et crainte, amour et haine, etc. À cet équilibre figé, s’oppose l’équilibre en mouvement, qui est un déséquilibre rattrapé. Le spinozisme procède par de fulgurantes équivalences : entre l’âme et le corps, entre Dieu et la nature, entre la puissance et le droit, la réalité et la perfection... Mais ces équivalences, quoi qu’en disent les détracteurs du spinozisme, ne sont pas de simples parallèles fixées dans un système inerte. La pensée qui les pose donne plus de poids tantôt à l’un, tantôt à l’autre des plateaux du balancier, de manière à produire en nous l’équilibre de l’âme, « l’équanimité » qui fait droit à la double postulation de la raison : connaître le monde dans sa nécessité, prendre la mesure de notre puissance d’agir. Cet ouvrage tente de penser, à partir de quelques figures exemplaires et sans souci de systématicité, cette économie pendulaire qui fait que « l’automate spirituel » que nous sommes peut pratiquer et vivre le spinozisme, et l’aimer.

En camping-car, Paris, Seuil, 2018

par Ivan Jablonka

Le camping-car nous a emmenés au Portugal, en Grèce, au Maroc, à Tolède, à Venise. Il était pratique, génialement conçu. Il m’a appris à être libre, tout en restant fidèle aux chemins de l’exil. Par la suite, j’ai toujours gardé une tendresse pour les voyages de mon enfance, pour cette vie bringuebalante et émerveillée, sans horaires ni impératifs. La vie en camping-car.


« Plus qu’un miroir le long du chemin : réflexions sur la littérature, en marge de l’histoire sociale des idées politiques »

par Sarah Al-Matary

in Chloé Gaboriaux, Arnault Skornicki (dir.), Vers une histoire sociale des idées politiques

L’histoire sociale des idées politiques correspond à un authentique projet de rénovation disciplinaire : ancrer l’histoire des idées politiques dans les sciences sociales. Cependant, ce projet doit encore devenir un programme articulé, entre la sociologie des intellectuels, la généalogie foucaldienne, la sémantique historique, l’analyse du discours et des langages politiques… Sans prétendre livrer la formule magique de son unité méthodologique, cette série de contributions et d’entretiens donne à voir la pluralité et le dynamisme de l’histoire sociale des idées politiques. Elle offre non seulement un panorama international, mais aussi de nombreuses pistes méthodologiques et empiriques, que ce soit sur la notion cardinale de « contexte », le rapport de Quentin Skinner à la sociologie, le laboratoire démocratique, ou l’histoire des idées en milieu populaire. Fruit d’un important effort collectif, cet ouvrage transdisciplinaire est le premier du genre sur un domaine en pleine expansion.


Robert Owen’s Experiment at New Lanark : From Paternalism to Socialism , Londres, Palgrave MacMillan, 2017

par Ophélie Siméon

1er janvier 1800. Robert Owen, jeune industriel gallois, prend la direction de New Lanark, filature de coton établie par son beau-père dans la campagne écossaise, non loin de Glasgow. Durant près d’un quart de siècle, Owen transforme le village ouvrier en un véritable laboratoire destiné à améliorer la condition ouvrière. Réduction du temps de travail, régulation du travail des enfants, juste rémunération des travailleurs et accès à l’éducation sont autant de principes qui formeront le socle du futur mouvement socialiste britannique, qu’Owen fédère et dirige de 1828 à 1845. Si New Lanark est aujourd’hui l’un des mythes fondateurs du socialisme, au Royaume-Uni et ailleurs, on ne saurait le réduire à un simple réceptable des théories politiques d’Owen. Au contraire, le village écossais a également été une source d’inspiration majeure pour son plus célèbre dirigeant, qui puise dans ce microcosme pour penser un système social communautaire. En réaffirmant le rôle central de New Lanark dans la genèse du socialisme britannique, cet ouvrage propose une histoire sociale des idées d’Owen, ancrée dans son contexte et confrontée à ses perceptions, notamment dans le domaine trop peu exploré des attitudes ouvrières. L’analyse des tensions créatrices entre théorie et pratique fait donc sortir New Lanark du rôle auquel il a trop souvent été cantonné, celui d’un village ouvrier “modèle” unidimentionnel ; elle permet également d’interroger les ambiguïtés de la trajectoire politique d’Owen, du paternalisme au socialisme.


Les inégalités sociales , Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2017

par Nicolas Duvoux

Alors qu’elles avaient diminué au XXe siècle, les inégalités économiques se creusent de nouveau, depuis plusieurs décennies, dans la plupart des pays occidentaux. Mais la seule dimension économique ne suffit pas à rendre compte des inégalités, qui doivent aussi être saisies dans leur ensemble, quelle que soit la forme qu’elles prennent.

Afin d’appréhender leur pluralité, Nicolas Duvoux dresse un panorama des différentes définitions qu’on donne des inégalités sociales, des outils qui permettent de les mesurer ainsi que des interprétations de la façon dont elles se construisent et s’enracinent. Comprendre les inégalités sociales, c’est dès lors décrypter comment chaque société les conçoit, les critique et tente (ou non) de les combattre.


Ce que les riches pensent des pauvres , Paris, Seuil, 2017

par Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti et Jules Naudet

Les pauvres suscitent-ils aujourd’hui, chez les riches, une répulsion similaire à celle que le peuple inspirait aux bourgeois au xixe siècle ? Autrement dit, les démunis sont-ils encore considérés comme une classe dangereuse, immorale et répugnante ?

En interrogeant le refus de la mixité résidentielle manifesté par les catégories supérieures, telle est la question frontale que pose cet ouvrage, issu d’une grande enquête comparative sur les perceptions de la pauvreté et des inégalités dans les beaux quartiers de trois métropoles : Paris, São Paulo et Delhi. À partir d’entretiens approfondis, il montre que la quête d’entre-soi des habitants des ghettos dorés n’est pas seulement motivée par une recherche de prestige et de qualité de vie, mais également par des représentations des pauvres qui les incitent à s’en protéger. Comment parviennent-ils à justifier leurs stratégies d’évitement et de relégation des catégories défavorisées, ainsi qu’à légitimer l’ordre local qu’ils s’efforcent de perpétuer ? Au delà de la peur de la criminalité et de l’insalubrité apparaît la crainte des élites d’être en quelque sorte contaminées par des modes de vie jugés culturellement indésirables ou moralement nuisibles.

À travers les mécanismes du séparatisme social, ce sont les conditions de possibilité de la solidarité que cet essai explore.


Matthieu Saladin

Usages et discours des musiques jamaïcaines , Volume !, 13 /2, 2017

numéro dirigé par Thomas Vendryes

Volume ! propose dans ce numéro un dossier consacré à l’étude des musiques jamaïcaines. Les neuf textes qui le composent, accompagnés de douze recensions d’ouvrages majeurs et récents, offrent une description et une analyse des principaux traits caractéristiques de ces musiques, à travers leurs usages – des riddims aux sound systems – et leurs discours – de la culture au slackness. Cet état des lieux du champ réunit les plus grands spécialistes et nous plonge dans les principaux débats associés à ces musiques.


Jamaica Jamaica ! , Philharmonie de Paris / La Découverte, 2017

par Thomas Vendryes et Sébastien Carayol

Depuis plus d’un demi-siècle, une petite île des Caraïbes a inscrit son nom en lettres de feu sur la carte de l’histoire mondiale de la musique. Avec des ramifications aussi étendues que celles du jazz ou du blues, la musique jamaïcaine a transformé ses héritages africains, issus des souffrances de l’esclavage, au fil du temps et des contacts avec les colonisateurs européens.

Deejay, sound system, remix, dub : autant d’inventions audacieuses, bricolées dès les années 1950 dans les ghettos de Kingston, qui sont aux sources des musiques urbaines contemporaines.

Musique sacrée ou musique profane ? Rurale ou urbaine ? Militante ou légère ? Voix des sages rastafaris ou des rude boys du ghetto ? Analysant le contexte culturel, historique et politique des musiques jamaïcaines, les auteurs de ce livre, catalogue de l’exposition Jamaica Jamaica à la Philharmonie de Paris (4 avril - 13 août 2017), dévoilent les mécanismes qui ont conduit la Jamaïque à produire la plus populaire des musiques du monde.


Godescalc, le moine du destin , Alma Éditeur, 2016

par Ariel Suhamy

Lorsque les petits-fils de Charlemagne se disputent l’Europe, un moine errant perturbe l’ordre politique et religieux. À travers la vie et la pensée du saxon Godescalc revit une période méconnue d’intenses débats.

Issu d’une grande famille saxonne, fraîchement convertie au christianisme, le moine Godescalc (né au début du IXe siècle, mort en 868) s’affirme comme une figure surprenante de la contestation politique et religieuse. Voué par ses parents, malgré lui, à la vie monastique, le jeune Gottschalk (« serviteur de Dieu ») – dont le nom a été latinisé en Godescalc – développe très tôt une pensée théologique en rupture avec les institutions de son temps. Il se révolte contre son propre destin qu’il refuse de laisser à ses pères naturels et spirituels. Il élabore paradoxalement une doctrine contestataire de la prédestination : puisque Dieu seul est le maître du destin de l’homme aucun pouvoir humain ne saurait s’imposer à nous et nous dicter notre conduite. Quittant son monastère pour une vie de penseur et de prédicateur errant, Godescalc porte à vif les tensions dans l’Empire carolingien et l’Église d’Occident. Il est après saint Augustin le premier grand penseur de la prédestination, ce « point d’hérésie » qui, selon Michel Foucault, divise du dedans la doctrine chrétienne. Ses thèses resurgiront avec une virulence intacte lors de la Réforme et de l’affirmation du protestantisme.
Pour Ariel Suhamy, l’oeuvre de Godescalc – dont la dimension poétique est importante – ne peut se comprendre si l’on ne suit pas les multiples rebondissements de sa vie. Celle-ci le mena du couvent à l’errance puis à la prison toute en mobilisant les plus hautes autorités politiques et intellectuelles de son temps. C’est en historien, en philosophe et, s’il le faut, en romancier qu’Ariel Suhamy enquête sur ce grand perturbateur.


La démocratie universelle. Philosophie d’un modèle politique , Seuil, collection La Couleur des idées, 2016

par Florent Guénard

Comment en est-on venu à considérer que la démocratie pouvait être exportable ? Qu’il suffisait de renverser un régime autoritaire pour que la démocratie s’installe, voire, comme en Irak en 2003, d’envahir un pays pour le libérer ? En quel sens peut-on dire que la démocratie est le « modèle » de régime qui correspond le mieux à certaines aspirations fondamentales de l’humanité ?

Pour répondre à ces questions, Florent Guénard remonte aux présupposés philosophiques qui sous-tendent les théories de l’expansion démocratique et dégage les différentes façons d’appréhender ce qu’est un modèle politique. Un tournant ressort de cette enquête : avant la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui ont donné naissance à l’universalisme démocratique, la démocratie occidentale est un modèle politique qui n’est généralisable qu’à certaines conditions. À partir du XIXe siècle, elle est conçue comme étant le sens même de l’histoire : il faut dès lors travailler à son expansion, quitte à faire usage de la force.

L’universalisme démocratique, mal interprété, peut conduire aux contradictions les plus flagrantes et aux conséquences politiques les plus dramatiques. Cet ouvrage entend nous prémunir contre ces dérives et redonner à cette belle idée sa complexité et sa profondeur.


Laëtitia ou la fin des hommes , Seuil, La Librairie du XXIe siècle, 2016

par Ivan Jablonka

Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d’être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans.

Ce fait divers s’est transformé en affaire d’État : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable », précipitant 8 000 magistrats dans la rue.

Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l’enquête, avant d’assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un objet d’histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur, et ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer.


Qu’est-ce qu’une bonne représentation ? L’Organisation internationale du travail de 1919 à nos jours , Dalloz 2016.

par Marieke Louis

La représentativité est un élément fondamental et controversé de la légitimité de toute organisation, y compris des organisations internationales.

Cet ouvrage explore les significations et les usages de la représentativité pour les États, les organisations syndicales, patronales et d’autres organisations non gouvernementales qui constituent l’Organisation internationale du Travail, et montre comment cette institution a conçu, justifié et réformé les fondements de sa représentation sur près d’un siècle.


Communications n° 98, « Pauvretés », mai 2016.

Numéro dirigé par Nicolas Duvoux et Jacques Rodriguez

Ce numéro explore un paradoxe inhérent à la notion de pauvreté : sa complexité analytique est étouffée par son omniprésence dans le débat public et diluée par l’apparente banalité du phénomène. En s’intéressant à différentes figures de la
pauvreté et aux processus qui la produisent, les contributions rassemblées sous la direction de Nicolas Duvoux et de Jacques Rodriguez font apparaître combien et comment la lutte contre la pauvreté, qui est affichée comme orientation politique explicite, tant par les gouvernements nationaux que par les institutions internationales, occulte souvent l’hétérogénéité du phénomène et s’accommode, à bien des égards, de la reproduction, voire de l’augmentation des inégalités.


Les oubliés du rêve américain. Philanthropie, État et pauvreté urbaine aux États-Unis , Puf coll. Le lien social, 2015

par Nicolas Duvoux.

Alors que le « rêve américain » n’a rien perdu de son attraction, Nicolas Duvoux a entrepris une enquête ethnographique auprès de fondations philanthropiques et du tissu associatif qui tentent de pallier la déliquescence des quartiers pauvres et minoritaires d’une grande métropole du nord-est des États-Unis ? : Boston. Véritable laboratoire des sciences sociales du XXIe siècle, Boston, mieux qu’aucune autre, fait ressortir le spectacle de la coexistence de la richesse et de l’ouverture d’esprit avec la pauvreté et la ségrégation raciale. L’enquête s’est déroulée auprès de ceux qui vivent dans l’envers du mythe étasunien, fait de pauvreté, de marginalité sociopolitique et de violence, comme auprès de ceux qui leur viennent en aide. Elle permet de cerner la forme et les limites de l’organisation communautaire qui cherche à se recréer autour du don philanthropique. Elle montre comment, sur les débris du ghetto, des philanthropes cherchent à régénérer la communauté indispensable pour faire vivre le rêve américain et justifier leur propre réussite.


Radicaliser la démocratie. propositions pour une refondation , Seuil 2015 (sous la responsabilité éditoriale de Pierre Rosanvallon)

par Dominique Rousseau

La démocratie a été happée par le principe de représentation, elle n’est pensée que par lui, elle en est devenue prisonnière. Elle a également été engloutie par le marché qui lui impose ses lois, comme le montre jusqu’à la caricature l’actualité. Pourtant, malgré la montée des populismes, la défiance à l’égard des élus et l’apparente indifférence politique, l’idée démocratique vit dans les quartiers, les villes, les écoles, les entreprises, portée par des collectifs informels de citoyens qui prennent en charge directement les questions qui les préoccupent et s’impliquent dans les grands débats de société.

Ces expériences manifestent une forme nouvelle de démocratie qui n’a pas encore trouvé son nom. L’ancienne, toujours présente, s’appelait démocratie représentative ou démocratie électorale ; celle qui émerge hésite entre démocratie d’opinion, démocratie du public ou démocratie participative. Elle pourrait aussi prendre pour nom démocratie continue. Telle est la proposition de Dominique Rousseau, qui défend ici les principes et les implications d’une profonde réforme institutionnelle prenant acte du caractère vivant et concret de l’exercice de la démocratie.

Dominique Rousseau est professeur de droit constitutionnel à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature de 2002 à 2006, il a été élu co-directeur de l’École de droit de la Sorbonne en 2013.


Le corps des autres , Seuil, collection « Raconter la vie », 2015

par Ivan Jablonka
Cette enquête porte sur les esthéticiennes, dont le métier consiste à s’occuper du corps des autres, pour leur bien-être et leur agrément. Privilège de celles qui rendent belle ; abaissement de celles qu’on admet dans son intimité. On se confie, on s’accorde un moment à soi. Mais ces spécialistes du corps ne se contentent pas d’épiler ou de masser. Elles jouent aussi le rôle du psy, du coach, de l’infirmière, de l’assistante sociale, dans les instituts où elles travaillent — ces fabriques de la beauté moderne.


L’Histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales , Seuil, La Librairie du XXIe siècle, 2014

par Ivan Jablonka

L’histoire n’est pas fiction, la sociologie n’est pas roman, l’anthropologie n’est pas exotisme, et toutes trois obéissent à des exigences de méthode. À l’intérieur de ce cadre, rien n’empêche le chercheur d’écrire.

Concilier sciences sociales et création littéraire, c’est tenter d’écrire de manière plus libre, plus originale, plus juste, plus réflexive, non pour relâcher la scientificité de la recherche, mais au contraire pour la renforcer. L’histoire est d’autant plus scientifique qu’elle est littéraire.

Réciproquement, la littérature est compatible avec la démarche des sciences sociales. Les écrits du réel ? enquête, reportage, journal, récit de vie, témoignage ? concourent à l’intelligibilité du monde. Ils forment une littérature qui, au moyen d’un raisonnement, vise à comprendre le passé ou le présent.

Des sciences sociales qui émeuvent et captivent ? Une littérature qui produit de la connaissance ? Il y a là des perspectives nouvelles pour le siècle qui s’ouvre.


Au prêt sur gage , Seuil, coll. « Raconter la vie », 2014.

par Pauline Peretz

À l’ancien Mont-de-Piété, le besoin n’a plus le visage de la pauvreté, mais celui de la débrouillardise – féminine, immigrée. Les clientes y utilisent leurs bijoux comme source du desserrement des contraintes qui pèsent sur elles, comme ressort de leur émancipation. Le Crédit Municipal de Paris est en effet un lieu où l’or octroie un type de pouvoir qui vient relativiser celui de l’argent. Dans la mise en gage, se jouent l’affirmation d’une indépendance - financière, affective, communautaire -, le dévoilement d’une ingéniosité, l’utilisation d’une institution à des fins propres.

 Présentation du livre sur le site de Raconter la vie


Après la Grande Guerre. Comment les Amérindiens des États-Unis sont devenus patriotes (1917-1947) , Éditions de l’EHESS, 2014

par Thomas Grillot

Comment la Première Guerre mondiale a-t-elle transformé la vie politique, sociale et culturelle des Amérindiens des États-Unis ? Deux histoires jusqu’ici séparées sont pour la première fois reliées : celle de la guerre de 1914- 1918 et celle des Indiens des Plaines.
Thomas Grillot, en focalisant son attention sur les vétérans appartenant aux principales tribus des Plaines, révèle comment le conflit mondial a transformé la vie politique, sociale et culturelle des réserves indiennes.A travers les archives militaires, les organisations de vétérans, les monuments aux morts, les cérémonies patriotiques, les funérailles ou les powwows, la mémoire de guerre dessine un demi-siècle d’histoire oublié, où se réinvente le rapport des Indiens à la nation américaine.
Refusant une vision progressiste de l’histoire des Indiens allant de la colonisation à l’émancipation, Thomas Grillot souligne toute la complexité du rattachement des autochtones à la nation américaine. Les débats sur le patriotisme traduisent des luttes idéologiques très vives, d’une génération à l’autre, sur la place des Amérindiens aux États-Unis, sur le respect ou non des cultures tribales et, en définitive, sur l’assimilation à la nation, en dehors de toute tutelle coloniale. Car Après la Grande Guerre pose aussi une question centrale : pourquoi et comment des peuples colonisés répondent-ils à l’injonction de défendre l’État colonial ?

 Présentation du livre sur le site de l’éditeur


L’Enfant-Shoah , PUF, 2014

dirigé par Ivan Jablonka

Quel impact la Shoah a-t-elle eu sur les enfants survivants et leurs descendants, de 1945 à nos jours ?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un million et demi d’enfants juifs ont été assassinés. En 1945, ceux qui vivent encore sont, à proprement parler, des survivants. Cachés pendant la guerre, rescapés des camps, orphelins, confiés à des maisons d’enfants ou élevés par des parents brisés, tous sont voués à grandir dans l’ombre de la Shoah. Comment se construire lorsqu’on porte un si lourd héritage ? Qu’ils aient grandi en France, en Grande-Bretagne, en Pologne, en Israël, aux États-Unis, ces enfants ont appris un métier, se sont mariés, ont mené leur vie comme tout un chacun. Ils ont raconté – ou omis de raconter – leurs épreuves à leurs propres enfants, qui sont devenus, nolens volens, les dépositaires de leur histoire.

 Présentation du livre sur le site de l’éditeur


Parler politique en chine : Les intellectuels chinois pour ou contre la démocratie , Puf, 2014

par Émilie Frenkiel

Parle-t-on politique en Chine, et comment ?
C’est pour répondre à cette question qu’Émilie Frenkiel a enquêté auprès d’une vingtaine d’universitaires chinois de premier plan. Au delà des idées reçues véhiculées par les médias internationaux sur un parti communiste tout-puissant jusque dans les moindres rouages et une opposition politique muselée, on découvre un paysage intellectuel où le débat sur les conditions d’une marche vers la démocratie existe bel et bien.
Certes, ce débat d’idées se déroule dans un cadre formaté par le parti unique, mais ce n’est pas un leurre ; cette étude socio-politique en trace les détours et en situe les enjeux, en particulier concernant la prise de distance avec les canons occidentaux qu’implique pour ces intellectuels une démocratisation « à la chinoise ».

 Présentation du livre sur le site de l’éditeur


W.G. Sebald, revue Europe, mai 2013, n°1009.

par Lucie Campos et Raphaëlle Guidée, dir.

Avec les contributions de François Hartog, Romain Bonnaud, Sergio Chejfec, Ruth Klüger, Ben Hutchinson, Patrick Charbonneau, Karine Winkelvoss, Muriel Pic, Emmanuel Bouju, Liliane Louvel, Mandana Covindassamy, Ruth Vogel-Klein, Martin Rass, Jean-Christophe Bailly, Fabrice Gabriel, Lucie Taïeb, Jo Catling, Martina Wachendorff-Pérache, George Szirtes, Michael Hamburger, Christophe Manon : le sommaire se trouve ici.


Spinoza et la psychanalyse , Préface de Pierre-François Moreau, Hermann, 2012.

dirigé par Pascal Sévérac et André Martins

Beaucoup l’ont constaté : il y a un air de famille entre spinozisme et psychanalyse. Même remise en cause des attributs classiques de la subjectivité (libre-arbitre et transparence de la conscience à elle-même) ; même valorisation de l’affectivité du sujet (et notamment de la force de son désir) ; même appréhension matérialiste des phénomènes théologico-politiques (à travers l’analyse de la puissance de l’imaginaire) ; et dans une certaine mesure, même visée thérapeutique... Les deux grands noms de la psychanalyse, Freud et Lacan, n’ont d’ailleurs pas caché, au moins à une certaine période de leur parcours intellectuel, une proximité avec la pensée spinoziste.

Soit. Mais ces grandes lignes de rapprochement entre psychanalyse et spinozisme permettent-elles autre chose que de dessiner une vague parenté, dont il serait tout aussi aisé, sinon plus, de souligner les lignes de fracture ? Pour ne pas en rester à ce niveau de généralité, il est nécessaire d’analyser précisément les notions, les problèmes, les thèses et les textes à travers lesquels cette confrontation entre spinozisme et psychanalyse prend sens et devient fructueuse. C’est le défi qu’entend relever le présent recueil, le premier consacré à une telle confrontation.

Avec les contributions de Adrien Klajnman, Isabelle Ledoux, André Martins, Pierre-François Moreau, Myriam Morvan, Maxime Rovere, Monique Schneider, et Pascal Sévérac.


Le dossier secret de l’affaire Dreyfus , Alma éditeur, octobre 2012

par Pierre Gervais, Pauline Peretz, Pierre Stutin

Le 15 octobre 1894, on arrête le capitaine Alfred Dreyfus. Il aurait livré des renseignements à l’attaché militaire allemand, Maximilian von Schwartzkoppen. Seule preuve : une ressemblance, très incertaine, entre l’écriture du capitaine et celle d’un bordereau dérobé par la Section de statistiques, le contre-espionnage français. Dreyfus est aussitôt condamné. Pour accabler Dreyfus, la Section de statistiques constitue – en violation du droit – un « dossier secret » connu des seuls juges et caché à la défense. Au nom de la raison d’État, la Section l’augmentera régulièrement de pièces incohérentes et de faux jusqu’à ce que ses manipulations soient démasquées.

Le « dossier secret » restait à découvrir. Pour la première fois, des chercheurs le reconstituent et, plus encore, s’intéressent à sa fabrication. S’inspirant des méthodes mises au point par les médiévistes pour l’étude des procès et des archives sensibles, nos trois auteurs ont reconstitué aux archives militaires de Vincennes, le travail réalisé au fil des ans par les accusateurs obsessionnels de Dreyfus.

Les auteurs révèlent le fonctionnement et l’idéologie de ce petit groupe qui a su s’affranchir de tout contrôle au nom de la raison d’État. La Section étend son emprise, non seulement dans l’armée, mais jusque chez les décisionnaires politiques, entretenant une paranoïa de la subversion et se donnant pour mission de purifier la France du cosmopolitisme corrupteur. À la xénophobie des hommes de la Section s’ajoute l’antisémitisme et la haine des « mœurs dissolues ». À ce titre, les responsables de la Section sont aveuglés par la liaison homosexuelle passionnée de l’attaché militaire allemand (Schwartzkoppen) et de l’attaché militaire italien (Panizzardi).

Si l’on a, depuis longtemps, mis en valeur le rôle de l’antisémitisme dans la mise en accusation de Dreyfus, on n’avait jamais démontré l’importance du fantasme homophobe. Pierre Gervais, Pauline Peretz et Pierre Stutin prouvent que les hommes de la Section reproduisent inconsciemment la vieille triade de l’Inquisition finissante, selon laquelle tout traître est nécessairement hérétique et sexuellement déviant.


Le ressentiment, passion sociale , PU Rennes, coll. « Philosophica », 2012

dirigé par Antoine Grandjean et Florent Guénard

Le ressentiment n’a pas bonne presse : « passion irrationnelle », « expression de l’impuissance », « envie déguisée » – les termes ne manquent pas dans l’histoire de la pensée pour disqualifier ce qui est apparu, au mieux, comme le sentiment d’un malaise, au pire comme un désir de vengeance rentrée des classes populaires à l’encontre des élites. Trois caractéristiques du ressentiment sont alors généralement mises en évidence. D’abord, on souligne que c’est une passion spécifiquement moderne, qui n’est théorisée qu’au XIXe siècle parce qu’elle ne prospère pleinement que dans les sociétés de masse. Ensuite, on montre que c’est une tradition de pensée spécifique (Nietzsche puis Scheler) qui en a définitivement fixé le sens, la comprenant comme l’émotion des faibles incapables d’affirmer leur hostilité à l’encontre de ceux qui les dominent. On précise enfin que le ressentiment conduit à une subversion des valeurs morales, et qu’il gît au creux des passions politiques d’apparence émancipatrice : la vérité de la volonté d’égalité ou de justice serait une rancune honteuse.

C’est à montrer les limites de cette interprétation que cet ouvrage est consacré. Il veut montrer que le ressentiment a une histoire, et que si l’on veut identifier la spécificité de ses manifestations contemporaines, il faut les mesurer à la manière dont la philosophie ancienne et la pensée classique ont thématisé les affects approchants. Il entend également construire une critique des interprétations traditionnelles, en montrant comment celles- ci ont tendu à simplifier la pensée nietzschéenne, et ce pour restituer à cette passion son éminente complexité. Il souhaite enfin organiser une analyse du dynamisme dont le ressentiment est l’expression, en mettant à profit la richesse que signifie en la matière une approche pluridisciplinaire. Car cette passion, loin d’être seulement cette manifestation de l’impuissance à laquelle on a voulu la réduire, est réaction émotionnelle face à l’inachèvement de l’égalité dont nos sociétés démocratiques sont pourtant la promesse.

Le ressentiment est création de valeurs, attention à la réciprocité, attachement à la justice. C’est une passion sociale qui exprime la puissance de l’affect dans la vie politique ; c’est plus encore l’une des formes, certes potentiellement pathologique, de l’élément affectif dont nos idéaux de liberté et d’égalité ont un irréductible besoin.

Avec les contributions de Magali Bessone, Michèle Bompard-Porte, Frédéric Brahami, Nicolas Duvoux, Antoine Grandjean, Florent Guénard, François Jarrige, Isabelle Koch, Patrick Lang, Pascal Sévérac, Pascal Taranto.


Services publics à la carte ? : Le choix comme valeur sociale , revue Lien social et politiques, n° 66, 2011

dirigé par Nicolas Duvoux et Jane Jenson

Depuis plus de vingt ans maintenant, la question du choix des usagers par rapport à l’offre publique s’est imposée comme un élément structurant du débat public. Celle-ci touche tous les plans de l’action publique et reconfigure les modes d’action et les finalités mêmes de ces instruments.
L’offre en matière de protection sociale, en services comme la garde des enfants, en matière scolaire, et dans les autres domaines se coulent de plus en plus dans le modèle d’un quasi-marché où l’usager se comporterait comme un consommateur sur le marché. L’action publique évolue ainsi fortement en cherchant à offrir à l’usager une possibilité de choisir à l’intérieur d’une offre élargie. Cette orientation de l’action publique est supposée renforcer le pouvoir des usagers en respectant leur capacité d’évaluer l’offre qui leur est la plus adaptée. Dans le même temps, elle vise à contraindre les administrations à se plier à des objectifs de rentabilité pour être plus efficaces au service de leurs usagers ainsi que de se comporter plus comme des entreprises privées.


Le nouvel âge de la solidarité : Pauvreté, précarité et politiques publiques , La République des idées, Seuil 2012. Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka.

par Nicolas Duvoux

En France, les pauvres sont de plus en plus nombreux et de plus en plus pauvres. Pourtant, au cours des vingt dernières années, des mesures d’assistance et d’insertion ont été adoptées : le RMI, la couverture maladie universelle, le RSA plus récemment. Ces prestations constituent une protection irremplaçable, mais elles sont trop faibles, trop complexes et parfois humiliantes. En fin de compte, elles organisent la précarité plus qu’elles ne la combattent. En outre, elles suscitent une hostilité grandissante de la part de certaines couches populaires, qui se sentent abandonnées des pouvoirs publics.

La dénonciation démagogique de l’« assistanat » masque ces difficultés en dressant une partie de la population contre l’autre. Comment sommes-nous entrés dans ce cercle vicieux ? Surtout, comment en sortir ? Ce livre plaide pour une politique de protection plus généreuse et universelle, adaptée à notre société et susceptible de réduire véritablement la pauvreté. Il montre qu’il est possible de réconcilier l’autonomie des individus avec la solidarité nationale.


Histoire des grands-aprents

Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus , Seuil, 2012

par Ivan Jablonka

Je suis parti, en historien, sur les traces des grands-parents que je n’ai pas eus. Leur vie s’achève longtemps avant que la mienne ne commence : Matès et Idesa Jablonka sont autant mes proches que de parfaits étrangers. Ils ne sont pas célèbres. Pourchassés comme communistes en Pologne, étrangers illégaux en France, juifs sous le régime de Vichy, ils ont vécu toute leur vie dans la clandestinité. Ils ont été emportés par les tragédies du XXe siècle : le stalinisme, la montée des périls, la Deuxième Guerre mondiale, la destruction du judaïsme européen.

Pour écrire ce livre, à la fois travail d’historien et biographie familiale, j’ai exploré une vingtaine de dépôts d’archives et rencontré de nombreux témoins en France, en Pologne, en Israël, en Argentine, aux États-Unis. Ai-je cherché à être objectif ? Cela ne veut pas dire grand-chose, car nous sommes rivés au présent, enfermés en nous-mêmes. Mon pari implique plutôt la mise à distance la plus rigoureuse et l’investissement le plus total.

Il est vain d’opposer scientificité et engagement, faits extérieurs et passion de celui qui les consigne, histoire et art de conter, car l’émotion ne provient pas du pathos ou de l’accumulation de superlatifs : elle jaillit de notre tension vers la vérité. Elle est la pierre de touche d’une littérature qui satisfait aux exigences de la méthode.


Politique étrangère

Une démocratisation aux couleurs de la Chine , revue Politique étrangère , 2011

par Emilie Frenkiel

Les élites intellectuelles du pays s’accordent sur un horizon politique démocratique pour la Chine. Mais la démocratie électorale n’apparaît plus comme le débouché naturel des réformes. Et les élites se divisent sur la nature institutionnelle d’une future démocratie, ainsi que sur le rythme de la marche qui y conduira. Cette démocratie ne saurait au demeurant se résumer à l’avènement institutionnel d’élections multipartites ; comme en témoignent déjà les multiples expériences de démocratie locale.

Lien vers le blog de Politique Etrangère : http://politique-etrangere.com/


Refaire société

Refaire société

Avec des contributions de Christian Baudelot, Magali Bessone, Robert Castel, François Dubet, Armand Hatchuel, Pierre Rosanvallon, Blanche Segrestin, Cécile Van de Velde.

Parution : 11/2011.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

La crise financière, la montée de la précarité et de la pauvreté, l’accroissement des inégalités mettent en péril la cohésion de notre société. Le délitement du lien social est aussi aggravé par le repli sur soi et la profonde méfiance des citoyens à l’égard des institutions. Il ne s’agit pas seulement de faire le constat de cette crise, mais de comprendre comment on peut faire - ou refaire - société. De nombreuses pistes s’offrent à nous : accroître la protection et l’autonomie de l’individu, faire de l’entreprise un projet de création collectif, renforcer l’égalité des positions sociales, enrichir la vie démocratique. Ce livre rassemble les analyses et les propositions d’un « intellectuel collectif » pour sortir de la crise multiforme que nous traversons.


Spinoza

Spinoza : Union et désunion

par Pascal Sévérac

Parution : 10/2011.

Vrin, « Bibliothèque des Philosophies ».

Pour beaucoup, philosophes ou non, Spinoza est avant tout le nom d’un affect : lire Spinoza, penser avec Spinoza, se servir de Spinoza, ce n’est pas simplement gratter un vieil os avec indifférence ; c’est chercher, à travers l’épreuve d’une pensée à la radicalité certaine, une véritable modification de soi. Toute la philosophie de Spinoza peut dès lors être lue à travers cette prespective : comment se modifier soi-même, en comprenant et transformant son union – affective – avec les choses, avec les autres, avec Dieu. Comment s’unir pour devenir plus ferme, plus fort, plus libre – plus éternel en somme. Comment s’unir… au risque de se désunir.


La société des égaux

La société des égaux

par Pierre Rosanvallon

Parution : 09/2011.
Editions du Seuil.

Nous vivons aujourd’hui une véritable contre-révolution. Depuis les années 1980, les plus riches n’ont en effet cessé d’accroître leur part des revenus et des patrimoines, inversant la précédente tendance séculaire à la réduction des écarts de richesse.

Les facteurs économiques et sociaux qui ont engendré cette situation sont bien connus. Mais la panne de l’idée d’égalité a aussi joué un rôle majeur en conduisant insidieusement à délégitimer l’impôt et les actions de redistribution. Du même coup, la dénonciation d’inégalités ressenties comme inacceptables voisine avec une forme de résignation et un sentiment d’impuissance. Il n’y a donc rien de plus urgent que de refonder l’idée d’égalité pour sortir des impasses du temps présent.

L’ouvrage contribue à cette entreprise d’une double façon. En retraçant l’histoire des deux siècles de débats et de luttes sur le sujet, il apporte d’abord un éclairage inédit sur la situation actuelle. Il élabore ensuite une philosophie de l’égalité comme relation sociale qui permet d’aller au-delà des théories de la justice qui, de John Rawls à Amartya Sen, ont jusqu’à présent dominé la réflexion contemporaine. Il montre que la reconstruction d’une société fondée sur les principes de singularité, de réciprocité et de communalité est la condition d’une solidarité plus active.


Repenser l’Etat

Repenser l’État : Pour une social-démocratie de l’innovation

par Philippe Aghion & Alexandra Roulet

Parution : 09/2011.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

Pourquoi la crise n’a-t-elle pas eu raison du profond scepticisme à l’égard de l’État ? Au « moins d’État » néolibéral, ce livre répond qu’il faut « plus d’État autrement ». La mondialisation et la révolution des technologies de l’information nous obligent à réaffirmer le rôle de la puissance publique, mais en la réinventant. État qui investit dans la croissance et l’innovation, État garant du contrat social, État protecteur dans un monde plus incertain, État impartial : telles sont les lignes de force du nouveau pacte social-démocrate que ce livre propose.


Les Batailles de l’impôt

Les Batailles de l’impôt

Consentement et résistances de 1789 à nos jours

par Nicolas Delalande

Parution le : 24/03/2011.

Éditions du Seuil.

Comment convaincre les citoyens qu’il est utile et légitime de verser à l’État une partie de leur argent ? Cette question s’est posée à tous les régimes de 1789 à nos jours. Des révoltes paysannes du XIXe siècle aux stratégies contemporaines de fraude et d’évasion, les charges fiscales n’ont cessé d’être combattues et contournées au motif de leur poids excessif ou de leurs inégalités. Le consentement à l’impôt n’a en effet rien de naturel : dans les démocraties, il repose sur un lien de confiance qu’il faut perpétuellement reconstruire. Fondé sur une enquête approfondie dans les archives, ce livre retrace les nombreuses batailles, intellectuelles, sociales et politiques, qui ont façonné notre système de redistribution et divisé la société française au cours des deux siècles passés.


S. Novak

La prise de décision au Conseil de l’union européenne

Pratiques du vote et du consensus

par Stéphanie Novak

Parution le : 23/03/2011.

Dalloz-Sirey

Les spécialistes s’accordent pour affirmer que : « le Conseil ne vote pas, il décide par consensus », mais il n’y a pas d’accord sur ce que désigne l’expression de décision par « consensus ». Certains considèrent que le consensus est essentiellement un processus informel n’obéissant pas à une règle déterminée, d’autres pensent qu’il constitue une forme d’unanimité sans vote explicite, d’autres encore soutiennent qu’il reflète ce que les membres anticipent qu’il se passerait si un vote avait lieu. Aucune description du fonctionnement concret de la procédure n’a été donnée. Ainsi le « consensus », tel qu’il est utilisé dans le Conseil, constituait jusqu’ici une énigme. (...) Stéphanie Novak en propose aujourd’hui une caractérisation précise. Elle l’analyse et explique son fonctionnement. (...) Le livre de Stéphanie Novak est un travail universitaire de haute qualité. Mais en faisant avancer la connaissance de la plus opaque, et probablement aussi la plus puissante (au moment présent), des institutions européennes, il apporte également une contribution au débat public. Au-delà des cercles académiques, il sera précieux pour tous ceux, journalistes, commentateurs ou simples citoyens, qui se préoccupent du destin de la construction européenne


Spinoza Pas à pas

Spinoza Pas à Pas

par Ariel Suhamy

Parution le : 03/2011.

Éditions Ellipses

Dans son Éthique, Spinoza n’a pas seulement découpé sa pensée en une série discontinue de définitions, propositions, démonstrations, etc., sur le modèle des géomètres. Il adopte aussi un certain ordre, souvent implicite, mais qu’il est loisible de reconstituer.

Cet ouvrage propose d’emprunter la voie même dessinée par Spinoza sans rien prendre au-dehors, sans changer le circuit ni projeter sur elle un savoir dogmatique. Il en suit le parcours « pas à pas », en faisant halte à chacune de ses avancées majeures, tout en amorçant la transition vers l’étape suivante. Confiance et imagination sont les deux vertus de l’interprète qui entend se tenir dans l’amitié du texte.


La démocratie corruptible

La démocratie corruptible

Arrangements, favoritisme et conflits d’intérêt

par Pierre Lascoumes

Parution le : 17/02/2011.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

Pourquoi corruption et démocratie font-elles si bon ménage ? Pourquoi les citoyens continuent-ils d’accorder leur confiance à des acteurs politiques condamnés pour abus de fonction ? Tout se passe comme si la corruption était perçue à la fois comme un scandale et une fatalité. Avec une rigueur implacable, Pierre Lascoumes explore la « zone grise » de notre démocratie et donne des clés pour comprendre la défiance des citoyens vis-à-vis des institutions


Pour une révolution fiscale

Pour une révolution fiscale

Un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle

par Camille Landais & Thomas Piketty & Emmanuel Saez

Parution le : 20/01/2011.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

La fiscalité française est asphyxiée par sa complexité, son manque de transparence et l’accumulation de privilèges pour une minorité de contribuables ultra-riches. Mais on en reste trop souvent, en la matière, à des énoncés aussi vagues que stériles. Ce livre innove en proposant une critique d’ensemble du système fiscal français. Il est accompagné d’un site Internet permettant à chacun d’évaluer les propositions des auteurs et de concevoir une réforme alternative : www.revolution-fiscale.fr.

Cet ouvrage démontre scientifiquement, pour la première fois, le caractère régressif de l’impôt dans notre pays (ce qui signifie que, tous prélèvements confondus, les taux d’imposition sont plus élevés pour les ménages les plus modestes et s’abaissent pour les plus riches). Pour cette raison, il fera date. Mais cette analyse au scalpel ne se contente pas de mettre au jour l’injustice du système. Elle plaide pour une révolution fiscale, chiffrée et opérationnelle, fondée sur trois principes : équité, progressivité réelle, démocratie. Ce livre contribue de manière décisive à l’édification d’une nouvelle critique sociale et se pose au centre du débat politique pour les années à venir.


Le mondial des nations

Le mondial des nations

sous la direction de Joao Medeiros

avec la participation d’Emilie Frenkiel

Parution : 01/2011.

Editions Choiseul.

Cet ouvrage est né d’un pari scientifique ambitieux, et même un peu fou : survoler 38 nations sur les cinq continents et cartographier l’identité nationale chez chacune d’entre elles.

Toute une diversité de chercheurs français et étrangers, en sciences politiques, sociologie et anthropologie ont interrogé le sentiment papou, géorgien, afghan, marocain, étatsunien, chinois, yéménite, français ou estonien quant à la perception de leur identité. Loin d’être un simple catalogue comparatiste, Le Mondial des Nations se lit comme un grand livre de contes humains. Loin d’être achevée et liquidée par la mondialisation, l’idée de nation se réaffirme avec une grande vitalité et une forte variété.


Histoire sociale de l’impôt

Histoire sociale de l’impôt

par Nicolas Delalande & Alexis Spire

Parution : 11/2010.

La Découverte, collection Repères.

Depuis le déclenchement de la crise de 2008, l’impôt est revenu au centre du débat public. Il suscite de nombreuses controverses, mais sa légitimité n’est plus remise en cause.

Pour comprendre comment le geste du paiement de l’impôt s’est imposé comme une évidence, ce livre retrace le développement de la fiscalité depuis la fin du XVIIIe siècle et ses effets sur la société française.

Au xixe siècle, le processus d’acculturation des populations urbaines et rurales à l’impôt a accompagné la construction de l’État-nation. Puis le développement de l’État social au XXe siècle a conduit les gouvernements à augmenter le nombre de contribuables et à diversifier les prélèvements. Chacune de ces incursions de l’État s’est accompagnée de résistances, individuelles ou collectives.

Cette histoire de l’impôt vue d’en bas montre comment la fiscalité s’est progressivement immiscée dans la vie quotidienne des individus, au point de modifier leurs pratiques et d’engendrer des stratégies de ruse, de négociation et de contournement.


Spinoza 2

La Communication du bien chez Spinoza

par Ariel Suhamy

Parution : 11/2010.

Garnier

Cet ouvrage envisage le spinozisme sous l’aspect de sa communication. La thèse est que celle-ci ne doit pas être considérée comme un élément secondaire mais qu’elle est au contraire constitutive du bien visé par la philosophie de Spinoza. En conséquence, il faut la prendre en compte pour lire et interpréter ses écrits. Dès lors, cette pensée de la nécessité et de la certitude fait place à l’incertain et au possible.


Vers une démocratie écologique

Vers une démocratie écologique : Le citoyen, le savant et le politique

par Dominique Bourg & Kerry Whiteside

Parution le : 7/10/2010.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

Les dégradations que nous infligeons à la planète menacent l’avenir et la survie de l’humanité. Or l’urgence de la situation ne débouche pas sur des décisions fermes et concrètes. Jusqu’à quand ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cet attentisme s’explique d’abord par une inaptitude politique : la démocratie représentative n’est pas en mesure de répondre aux problèmes écologiques contemporains. Ce livre propose des solutions, tant institutionnelles que délibératives, pour relever le défi et refonder notre sens du bien commun. Sauvegarder la biosphère exige de repenser la démocratie elle-même.


La démocratie internet

La démocratie internet

Promesses et limites

par Dominique Cardon

Parution le : 16/09/2010.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

Disparition de l’espace privé, incitation à la diffamation, menaces sur l’avenir de la presse : dans de nombreux débats, Internet fait figure de coupable. Mais, bien plus qu’un média de communication et d’information, Internet est une forme politique à part entière. En décloisonnant le débat et en l’ouvrant à de nouveaux participants, Internet renouvelle les possibilités de critique et d’action. Surtout, le web constitue à l’échelle planétaire un laboratoire d’expériences démocratiques : auto-organisation des citoyens, délibération élargie à de nouveaux publics, mise en place de collectifs transnationaux, socialisation du savoir, etc. Internet ne permet pas seulement de communiquer davantage ; il élargit formidablement l’espace public et transforme la nature même de la démocratie. Avant de la célébrer ou de la dénigrer, il faut penser la révolution numérique.


Les places et les chances

Les places et les chances

Repenser la justice sociale

par François Dubet

Paru le : 11/02/2010.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

Il y a deux manières de concevoir la justice sociale. La première, l’égalité des places, vise à réduire les inégalités entre les différentes positions sociales. La seconde, l’égalité des chances, cherche à permettre aux individus d’atteindre les meilleures positions au terme d’une compétition équitable. Contre l’air du temps, François Dubet plaide en faveur du modèle des places : celui-ci combat résolument les inégalités et accroît la cohésion de la société.

Aujourd’hui, en France comme ailleurs, cette dernière conception tend à devenir hégémonique. Mais, si elle répond au désir d’autonomie des individus, l’égalité des chances s’accommode de l’existence et même du développement des inégalités. Contre l’air du temps, François Dubet plaide en faveur du modèle des places : celui-ci combat résolument les inégalités et accroît la cohésion de la société. En montrant comment on peut promouvoir la justice sociale sans tout sacrifier à la compétition méritocratique, ce brillant essai œuvre à la reconstruction intellectuelle de la gauche.


Jablonka

Les enfants de la République

L’intégration des jeunes de 1789 à nos jours

par Ivan Jablonka

Parution : 14/01/2010.

Éditions du Seuil.

Notre société est obsédée par les jeunes de cité. Mais cette peur sociale va de pair avec une ambition politique : assimiler à la nation les mineurs qui lui semblent étrangers. Enfants naturels sous la Révolution, jeunes délinquants au début du XIXe siècle, enfants abandonnés sous la Troisième République, jeunes de banlieue aujourd’hui, tous sont condamnés à une réhabilitation physique et morale capable d’effacer leurs origines imparfaites.
Emblématique des idéaux républicains, matrice d’une francité qui se veut universelle, cette utopie intégratrice est l’une des plus anciennes politiques publiques en France. Elle revient de façon récurrente jusqu’aux crises contemporaines, dans lesquelles elle porte une part de responsabilité.

Car le « modèle français d’intégration » se révèle plutôt un contre-modèle, non seulement parce qu’il échoue à insérer les jeunes dans la société, mais aussi et surtout parce qu’il postule l’inégalité des individus. Depuis les « bâtards » de l’an II jusqu’aux « racailles » des années 2000, l’État-nation démocratique s’est confronté à toutes les figures de l’altérité juvénile, qu’il a contribué à stigmatiser en voulant les sauver. C’est cette longue entreprise que retrace Ivan Jablonka dans un ouvrage essentiel pour comprendre notre société actuelle.


Lutter contre la pauvreté II

La politique de l’autonomie

Lutter contre la pauvreté (II)

par Esther Duflo

Paru le : 7/01/2010.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

« Rendre aux pauvres la lutte contre la pauvreté. » Telle est aujourd’hui la devise de nombreux acteurs nationaux et internationaux, soucieux de responsabiliser les pauvres en leur donnant les moyens de l’autonomie. Mais, avant d’opter pour telle ou telle solution, il faut en mesurer l’efficacité. Le microcrédit est-il cette solution miracle grâce à laquelle le paysan misérable du Bangladesh pourra s’enrichir ? Les conseils de village, en Inde ou en Afrique, permettent-ils vraiment aux communautés de prendre leur destin en mains ?

En étudiant la situation sur le terrain, Esther Duflo démontre les naïvetés et les approximations d’un discours qui entend tout miser sur l’initiative des pauvres. Car ni la microfinance ni la gouvernance locale ne peuvent se substituer à des politiques publiques visant à créer des services de santé, à garantir l’offre éducative, à construire des infrastructures, à lutter contre la corruption. Expérimenter sans relâche pour améliorer concrètement la vie des pauvres : c’est ainsi que la vie civique pourra s’épanouir dans les pays en voie de développement.


Lutter contre la pauvreté I

Le développement humain

Lutter contre la pauvreté (I)

par Esther Duflo

Paru le : 7/01/2010.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

Nul ne conteste que la santé et l’éducation constituent des priorités absolues. Mais la situation actuelle n’incite pas à l’optimisme : neuf millions d’enfants meurent chaque année avant l’âge de cinq ans de maladies que l’on sait guérir et, en Inde, la moitié des enfants scolarisés ne sait pas lire. Pour remédier à cet état de fait, Esther Duflo évalue localement et concrètement les programmes de lutte contre la pauvreté, à l’aide d’une méthode révolutionnaire : l’expérimentation aléatoire.

De l’Inde au Malawi, du Kenya au Mexique, cette méthode permet de répondre à de nombreuses questions : comment rendre plus efficaces les campagnes de vaccination ? Comment améliorer l’instruction des enfants à moindre coût ? Comment lutter contre l’absentéisme des enseignants et des infirmières ? La santé et l’éducation sont les préalables non seulement au bien-être social, mais aussi à la liberté : ce livre montre comment les faire progresser de manière décisive.


La théorie spinoziste

La théorie spinoziste des rapports corps/esprit et ses usages actuels

sous la direction de Chantal Jaquet, Pascal Séverac & Ariel Suhamy

Parution : novembre 2009.

Hermann Éditeurs.

Dans le cadre des débats actuels autour de ce que l’on appelle « The mind and body problem », la conception spinoziste de l’unité du corps et de l’esprit est souvent invoquée comme un modèle et une référence, susceptibles d’éclairer l’approche théorique du problème et de fonder une nouvelle pratique scientifique. Contre l’erreur mémorable de Descartes, le neurobiologiste Antonio Damasio proclame ainsi que Spinoza avait raison.

Qu’en est-il exactement ? L’auteur de l’Éthique invite, semble-t-il, à mettre un terme aux querelles entre monistes et dualistes en proposant de penser l’esprit et le corps comme un seul et même individu concevable sous deux expressions physique et mentale.

C’est cette solution originale et ses usages contemporains qui sont examinés ici à la lumière des recherches les plus récentes. Il s’agit tout autant de revenir sur la doctrine, mal comprise sous le nom de « parallélisme psychophysique », que de faire le point sur son utilisation au XXe et XXIe siècles, dans le cadre des philosophies du langage et de la déconstruction, ainsi que dans les domaines de la neurobiologie, de la psychanalyse ou encore de la toute nouvelle psychomotricité.

Contributeurs :

Saverio ANSALDI, Henri ATLAN, Bruno BUSSCHAERT, Julien BUSSE, Pascale GILLOT, Chantal JAQUET, Denis KAMBOUCHNER, Adrien KLAJNMAN, Lia LEVY, Bernard MEURIN, Vittorio MORFINO, Kim Sang ONG-VAN-CUNG, Maxime ROVERE, Pascal SÉVÉRAC, Ariel SUHAMY, Béatrice VANDEWALLE, Lorenzo VINCIGUERRA.


Le principe de prévention

Le principe de prévention

Le culte de la santé et ses dérives.

par Patrick Peretti-Watel & Jean-Paul Moatti

Paru le : 5/11/2009.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :

La République des idées

La santé est devenue notre bien le plus précieux. Les recommandations qui saturent l’espace public viennent nous le rappeler quotidiennement : « Fumer tue », « évitez de grignoter entre les repas », « lavez-vous les mains fréquemment », etc. Car, pour faire reculer le plus possible la maladie et la mort, il faut traquer le risque partout où il existe. La prévention des excès alimentaires, du tabagisme, de la consommation d’alcool et de drogues s’efforce d’atteindre cet idéal de sécurité totale. Mais la « mise en risque » du monde ne va pas sans dysfonctionnements.

Le culte de la santé disqualifie ceux qui transgressent les conseils des experts. Il enserre les individus dans de nouveaux carcans moraux. Enfin, il est l’allié des industries agroalimentaires et pharmaceutiques, à qui il ouvre des marchés lucratifs. Conçue pour protéger les citoyens, les enfants, les personnes vulnérables, la prévention doit aujourd’hui être réinventée, sous peine de perdre son âme.


La peur du déclassement

La peur du déclassement

Sociologie des récessions.

par Eric Maurin

Paru le : 8/10/2009.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :
La République des idées

Déclassement : le mot est aujourd’hui sur toutes les lèvres et sous toutes les plumes. Mais, au-delà de son caractère incontournable, il recouvre deux réalités bien distinctes. La plus évidente a trait aux ruptures qui conduisent des individus à voir leur position se dégrader. La deuxième est encore plus décisive : c’est la peur du déclassement.

Cette angoisse sourde, qui taraude un nombre croissant de Français, repose sur la conviction que personne n’est « à l’abri », que tout un chacun risque à tout moment de perdre son emploi, son salaire, ses prérogatives, en un mot son statut. En rendant la menace plus tangible, les crises portent cette anxiété à son paroxysme. Source de concurrence généralisée et de frustrations, la peur du déclassement est en train de devenir l’énergie négative de notre société. À partir de ce constat, Éric Maurin fonde une sociologie des récessions et propose une lecture radicalement neuve de la société française, tout en aidant à repenser les conditions de sa réforme.


L’autonomie des assistés

L’autonomie des assistés

Sociologie des politiques d’insertion

par Nicolas Duvoux

Paru le : 02/09/2009

Éditions Puf

Collection « Lien social (le) »

Prix de recherche de l’Institut de France décerné par la Fondation Caritas.

Plus d’un Français sur deux pense que les allocataires du RMI sont responsables de leur situation : la paresse des individus et le manque de sévérité des contrôles sont ainsi souvent invoqués pour l’expliquer. Cet ouvrage prend le parti de déconstruire ce préjugé aujourd’hui fortement enraciné. Pour ce faire, il cherche à comprendre l’expérience vécue des personnes qui vivent au RMI et à qui les institutions de l’État social demandent d’être autonomes en élaborant un « projet » dans le cadre d’un « contrat » d’insertion.

À travers une enquête de terrain menée en région parisienne dans les années 2000, les faux-semblants de l’idéologie dominante sont démontés. La force des contraintes qui s’exercent sur les populations les plus vulnérables ainsi que les marges de liberté qu’elles peuvent néanmoins conquérir apparaissent alors.


Territoires

Le territoire des philosophes

Lieu et espace dans la pensée au XXè siècle

sous la direction de Thierry Paquot et Chris Younès

avec la participation de Philippe Simay.

Paru le : 04/06/2009.

Éditions La découverte.

L’espace, le lieu, le territoire, la ville, le paysage ne sont pas des sujets étudiés prioritairement par les philosophes contemporains, alors même que l’urbanisation représente dorénavant un phénomène planétaire. Pourtant certains les considèrent avec sérieux : qu’ils reviennent au topos ou à la khorâ des philosophes grecs, qu’ils discutent de l’apport des éthologues et autres naturalistes sur les processus de territorialisation propre à la faune et à la flore, qu’ils explorent le cyberspace, arpentent les réseaux télécommunicationnels ou errent dans les mégapoles et banlieues des villes plus ou moins hospitalières, ils nous aident à penser le devenir urbain de l’être.

Cet ouvrage original et pionnier offre au lecteur un éventail des théories qui accordent au territoire spécifique à l’existence humaine une place essentielle. Ainsi, vingt philosophes du XXe siècle – Simmel, James, Bergson, Heidegger, Weil, Bachelard, Merleau-Ponty, Arendt, Jonas, Wittgenstein, mais aussi Lefebvre, Derrida, de Certeau, Levinas, Foucault, Deleuze et Guattari, Maldiney, Nancy, Sloterdijk – se trouvent présentés par de jeunes philosophes et de plus anciens, tous confirmés.

À l’heure des migrations – forcées ou non –, du défi environnemental, de la « crise » des banlieues, du mal-être croissant dans des formes indignes d’habitation, de la discontinuité des géographies intimes, il est grand temps de s’interroger sur les liens que les humains entretiennent avec les lieux et la terre.


Baudelot

L’élitisme républicain

L’école française à l’épreuve des comparaisons internationales.

par Christian Baudelot & Roger Establet

Paru le : 12/03/2009.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Ivan Jablonka :
La République des idées

De quoi souffre l’école en France ? D’abord et avant tout de son élitisme : une culture du classement et de l’élimination précoce, doublée d’une grande tolérance aux inégalités et à leur reproduction. Tel est l’enseignement qui ressort des comparaisons internationales développées dans ce livre.

L’école française demeure au XXIe siècle otage des idées qui l’ont vu naître à la fin du XIXe : distinguer une petite élite sans se soucier d’élever suffisamment le niveau des autres. Pour certains, peu nombreux, la méritocratie scolaire est une course aux meilleures positions ; pour d’autres, très nombreux, elle se traduit par une relégation rapide et désormais particulièrement coûteuse sur le marché du travail. Au total, la France qui a longtemps cru disposer de la meilleure école du monde fait figure de mauvaise élève dans sa catégorie, celle des pays riches et développés.


Rue Descartes

Droit de cité

coordonné par Philippe Simay

Paru le : 18/02/2009.

Revue Descartes n°63

Collège international de philosophie

Presses Universitaires de France.

Collection « Rue Descartes ».


Elster

Désintéressement. Traité critique de l’homme économique, I.

par Jon Elster

Paru le : 15/01/2009.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon : Les Livres du nouveau monde.

La science économique n’a de cesse de nous montrer l’homme comme un agent dont les choix traduiraient la poursuite rationnelle de son intérêt.

C’est à ce postulat fondamental que s’attaque le présent traité, dont Le Désintéressement est le premier volume. L’ambition de ce livre est de démontrer que les motivations désintéressées sont plus importantes dans la vie sociale que ne le conçoivent les modèles économiques aujourd’hui dominants. Théoriquement séduisants, ceux-ci s’avèrent en effet empiriquement faibles pour expliquer les comportements réels.

Mais Jon Elster ne se contente pas de souligner la distance de la théorie à l’expérience observée. Dissipant les soupçons qui pèsent souvent sur elles, il distingue aussi positivement les différentes formes de désintéressement qui façonnent nos choix, aussi bien dans la vie quotidienne ou dans les urnes que dans des situations extrêmes. Il emprunte, pour ce faire, autant aux moralistes français du XVIIe siècle et à la philosophie politique du XVIIIe qu’à la littérature, à la psychologie expérimentale ou à la théorie des jeux.


Jeunesse oblige

Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France XIXe-XXIe.

par Ludivine Bantigny et Ivan Jablonka

Paru le : 7/01/2009.

Presses Universitaires de France.

Collection : « Noeud gordien (le) ».

L’actualité fait des jeunes un objet de débat, d’admiration ou d’angoisse. Une multitude de figures viennent s’intercaler entre le modèle du « jeune écrivain » et le contre-modèle du « jeune de cité ». Mais ces images sont des constructions dont les fondements plongent loin dans le passé. Elles contribuent à gommer la profonde diversité sociale de la jeunesse et escamotent les tensions qui existent en son sein.

Dès lors, étudier la jeunesse exige de s’interroger sur la transmission des comportements et des savoirs. Comment les jeunes se conforment-ils aux rôles qu’on leur assigne ? Sujets de contraintes et cibles de politiques, ont-ils vocation à contester l’ordre établi ? Pourquoi une société se montre-t-elle taraudée par « ses » jeunes, cédant alors à la tentation de l’expertise ? La jeunesse apparaît ainsi comme un sujet-creuset permettant de multiplier les approches et les méthodes, de démêler un fatras de clichés, de fantasmes et de slogans.

L’histoire, en dialogue avec la sociologie, offre la possibilité d’interpréter les discours médiatiques et politiques. Faire de la jeunesse un objet d’histoire permet de lui restituer sa dimension temporelle et son ambiguïté – tant il est vrai qu’elle n’existe que dans les mutations des discours, l’exercice des pratiques et le vertige des combats.


Les stratégies absurdes

Les stratégies absurdes
Comment faire pire en croyant faire mieux

par Maya Beauvallet

Parution le : 8/01/2009.

Editions du Seuil.

Un club de football met à l’amende un de ses joueurs au motif qu’il rend trop souvent la balle à l’adversaire. Résultat : il ne la passe plus à personne.

Un patron décide d’organiser une compétition permanente entre ses salariés. Résultat : une partie d’entre eux commencent à saboter le travail de leurs collègues.

Constatant que certains patients victimes de graves complications cardiaques décèdent régulièrement au bloc opératoire, une clinique fixe un quota maximal de « pertes » à ses chirurgiens. Résultat : lorsqu’ils approchent du chiffre fatidique, les chirurgiens refusent d’opérer.

Une école décide de sanctionner financièrement les parents dont les enfants arrivent en retard le matin. Résultat : le nombre des retardataires se multiplie...

Le point de départ de ces histoires est presque toujours le même : la nouvelle idéologie managériale et ses méthodes, ses indicateurs de performance, ses dispositifs d’incitation et de sanction. Maya Beauvallet en propose ici à la fois le bêtisier le plus insolite et l’analyse la plus sérieuse.


La régulation des pauvres

La régulation par les pauvres

par Serge Paugam et Nicolas Duvoux

Paru le : 1/11/2008.

Presses Universitaires de France.

Collection : « Quadrige »

La sociologie fait la chasse aux mythes en expliquant sur quoi ils reposent et l’étude du traitement de la pauvreté n’échappe pas à cette règle. Ce livre se présente sous la forme d’un long entretien entre deux sociologues qui ont soutenu, à vingt ans d’intervalle, une thèse sur le thème de la pauvreté.

Celle de Serge Paugam, La disqualification sociale, a été réalisée à partir d’une enquête sur les pauvres à Saint-Brieuc. Dirigée par Serge Paugam, celle de Nicolas Duvoux, L’injonction à l’autonomie, traite des politiques d’insertion à partir d’une enquête réalisée en région parisienne.

Cette réflexion croisée analyse les transformations des politiques sociales durant ces vingt dernières années et porte un regard critique sur le processus d’accumulation du savoir sur la pauvreté. Certes, les sociologues ne sont pas les seuls à contribuer à cette connaissance mais par des études distanciées ils aident à mieux saisir le rapport d’interdépendance entre les pauvres, les institutions et les autres franges de la population. Cet ouvrage est aussi un témoignage militant sur la pratique de la sociologie dans le domaine de la pauvreté.


La multitude libre

La multitude libre. Nouvelles lectures du Traité politique.

sous la dir. de Chantal Jacquet, Pascal Séverac & Ariel Suhamy

Paru le : 1/11/2008.

Éditions Amsterdam.

Collection : « Caute ! »

Relégué pendant longtemps à l’arrière-plan, au profit de l’Éthique et du Traité théologico-politique, le Traité politique est aujourd’hui au coeur des études spinozistes. Son originalité tient en particulier à l’apparition de l’énigmatique concept de « multitude libre », qui se substitue à la théorie du contrat et sert aujourd’hui de référence centrale à un certain nombre de penseurs contemporains, tel Antonio Negri ou Étienne Balibar.

Ce nouveau concept permet de penser autrement le problème de la constitution de l’État, de sa production et de sa reproduction à travers la seule logique des affects. Le présent ouvrage fait le point sur les recherches actuelles autour du Traité politique, de la traduction de ses principaux concepts à ses usages possibles pour concevoir le pouvoir et l’émancipation politiques aujourd’hui.


Spinoza par les bêtes

Spinoza par les bêtes

par Ariel Suhamy & Alia Daval

Paru le : 15/10/2008.

Éditions Ollendorff & Desseins.

Collection : Le sens figuré

On se fait de Spinoza l’image d’un philosophe à perruque, avec son pesant appareil de théorèmes et de démonstrations. C’est négliger un autre pan essentiel de sa méthode : l’illustration. Cet ouvrage d’initiation s’appuie sur les seuls exemples animaliers qui parcourent une oeuvre plus pittoresque qu’on ne l’imagine.

L’objectif du spinozisme est de replacer l’homme dans la nature, aux côtés de l’araignée, du cheval, des poissons. Et de l’arracher à ses illusions de métamorphose : le chat n’est pas tenu d’agir selon les lois de la nature du lion, l’homme ne saurait se transformer en bête ou en dieu. Pour l’initier enfin à la science des vraies mutations, révélateur de la vie éternelle. Mais la raison ne saurait l’emporter sans l’aide et le soutien des images.

C’est donc bien autour de l’homme que tourne ce bestiaire qui suit, grosso modo, l’ordre de l’Éthique, mais qu’on est libre de prendre, tel le serpent de Baudelaire, par n’importe quel bout.


Pour en finir avec la pauvreté

Pour en finir avec la pauvreté

Mesures, mécanismes et politiques

Revue Regards croisés sur l’économie

Contribution de Nicolas Duvoux.

Paru le : 1/10/2008.

Éditions La Découverte.

Les Français ont plus peur de devenir pauvres que leurs voisins européens, malgré une tendance prolongée à la réduction de la pauvreté depuis les années 1970. Est-ce à dire que cette tendance s’est arrêtée ? Que les statistiques mesurent mal la précarisation d’une partie croissante de la population française ?

Aujourd’hui, la pauvreté frappe de plus en plus les citadins, les travailleurs et les jeunes. La persistance d’un chômage de masse et la fragilisation des parcours professionnels affaiblissent la cohésion sociale. La progression des foyers monoparentaux fait perdre à la famille son rôle de filet de protection. Or les enfants des familles pauvres sont particulièrement touchés par l’échec scolaire. Comment briser cette spirale de la pauvreté ?

Les dépenses sociales françaises, parmi les plus élevées des pays développés, sont peu ciblées sur les personnes pauvres. Si l’État a récemment multiplié les dispositifs d’incitation afin d’encourager le retour à l’emploi des ménages à bas revenus, le taux de pauvreté est resté stable, à cause du développement du temps partiel et des emplois peu qualifiés. Dans ce contexte, c’est l’ensemble des politiques sociales qu’il faut repenser, pour concilier efficacité et solidarité.


La nouvelle écologie politique

La nouvelle écologie politique

Economie et développement humain

par Jean-Paul Fitoussi & Eloi Laurent

Paru le : 25/09/2008.

Éditions du Seuil.

Collection dirigée par Pierre Rosanvallon & Thierry Pech :
La République des idées

Le niveau de vie moyen de l’humanité a davantage augmenté entre 1990 et 2000 qu’entre l’an 1 de notre ère et 1820. Plusieurs milliards d’individus sont ainsi sortis de la misère ou sont sur le point de s’en extraire. Une nouvelle loi de Malthus semble cependant s’imposer : compte tenu de la fragilité des équilibres environnementaux, nous serions désormais trop nombreux à être trop riches et bien portants.

Après 200 000 ans de lutte contre les forces de la nature, l’homme aurait acquis sur elle un tragique ascendants et devrait renoncer au développement économique : devant cette malédiction de la prospérité, des voix nombreuses appellent à l’interruption de la croissance et à la suspension du progrès. Nous croyons au contraire qu’il est possible de poursuivre sur le chemin du développement humain sans sacrifier les écosystèmes terrestres, mais à condition d’élever notre niveau d’exigence démocratique. L’égalité écologique est la clé du développement durable.


Homérique Amérique

Homérique Amérique

par Sylvie Laurent

Paru le : 18/09/2008.

Éditions du Seuil.

À la manière de la Grèce antique, l’Amérique ne cesse de se raconter sa propre histoire. Au cinéma, à la télévision, dans les romans populaires ou les magazines, elle écrit chaque jour sa légende et relit avec passion ses gloires et ses épreuves, ses croyances et ses doutes. Pourtant, sa mémoire est souvent cruelle.

L’Amérique se rappelle ainsi, devant les Appalaches meurtries par l’exploitation industrielle, ce que fut autrefois son culte de la nature sauvage et innocente. Dans le souvenir tenace de la Guerre de Sécession et les brûlures du Vietnam, elle éprouve son unité et ses idéaux. Confrontée aux espoirs déçus des Africains-Américains et aux plaintes enragées du « pauvre blanc », elle mesure la fragilité de ses promesses d’égalité. Mais ces mythologies d’hier et d’aujourd’hui, véritable culture populaire, sont aussi une source de jouvence à laquelle viennent puiser ceux qui réinventent l’Amérique, des Hispaniques aux Indiens-Américains, des cuisinières médiatiques aux néo-féministes, de John McCain à Barack Obama.


La légitimité démocratique

La légitimité démocratique

Impartialité, reflexivité, proximité

par Pierre Rosanvallon

Paru le : 11/09/2008.

Éditions du Seuil.

Collection : Les Livres du Nouveau Monde.

Le peuple est la source de tout pouvoir démocratique. Mais l’élection ne garantit pas qu’un gouvernement soit au service de l’intérêt général, ni qu’il y reste. Le verdict des urnes ne peut donc être le seul étalon de la légitimité. Les citoyens en ont de plus en plus fortement conscience.

Une appréhension élargie de l’idée de volonté générale s’est ainsi imposée. Un pouvoir n’est désormais considéré comme pleinement démocratique que s’il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l’expression majoritaire. Il doit se plier à un triple impératif de mise à distance des positions partisanes et des intérêts particuliers (légitimité d’impartialité), de prise en compte des expressions plurielles du bien commun (légitimité de réflexivité), et de reconnaissance de toutes les singularités (légitimité de proximité). D’où le développement d’institutions comme les autorités indépendantes et les cours constitutionnelles, ainsi que l’émergence d’un art de gouvernement toujours plus attentif aux individus et aux situations particulières.

Nous sommes entrés dans ce nouveau monde sans en avoir perçu la cohérence ni interrogé lucidement les problèmes et les conséquences. C’est à en dévoiler les ressorts et les implications que s’emploie ici Pierre Rosanvallon. Après avoir publié La Contre-démocratie (Seuil, 2006), il propose, dans ce deuxième volet de son enquête sur les mutations de la démocratie au XXIe siècle, une histoire et une théorie de cette révolution de la légitimité.


Le choc des métropoles

Le choc des métropoles - Simmel, Kracauer, Benjamin

sous la dir. de Stéphane Füzesséry & Philippe Simay.

Paru le : 11/09/2008

Editions de l’Eclat

Collection : philosophie imaginaire

Quelle fut, au début du XXe siècle, l’expérience commune de la Grande Ville en Europe ? Qu’éprouva-t-on à Berlin ou à Paris, face à l’accumulation des personnes, à la mobilité des masses, à l’accélération et l’intensification des circulations, à l’emprise toujours croissante des nouvelles textures du fer, du verre et du bitume, à la mécanisation et à l’électrification des réseaux techniques ? Et comment, à travers le filtre de ces expériences nouvelles, la modernisation tout entière fut-elle ressentie ?

Trois auteurs - Georg Simmel, Siegfried Kracauer et Walter Benjamin - furent les révélateurs visionnaires de ce qu’allait provoquer ce « choc des métropoles » sur une population devenue foule indistincte. Leurs œuvres, présentées ici en dialogues croisés, nous introduisent aux premières séances de la sensibilité moderne.


Principes du droit de la guerre

Jean-Jacques Rousseau. Principes du droit de la guerre. Écrits sur la paix perpétuelle

Ce volume est une œuvre collective du Groupe Jean-Jacques Rousseau. Contribution de Florent Guénard.

Paru le : 1/09/2008

Librairie philosophique J. Vrin

Collection : Textes et Commentaires.

Parmi les projets de Rousseau figurait un ouvrage intitulé Principes du droit de la guerre. On a longtemps cru cet ouvrage perdu ou resté à l’état d’ébauches fragmentaires. Or un travail sur des manuscrits (jusqu’alors publiés séparément et dans le désordre) a permis de reconstituer un texte très abouti, qui est manifestement la première partie de cet ouvrage.

La redécouverte de ce texte et son rapprochement avec les écrits sur le Projet de paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre, sur lesquels Rousseau a travaillé immédiatement après, éclairent d’un jour nouveau sa conception des rapports entre les États. Les commentaires proposés dégagent l’originalité et l’actualité des questions posées par Rousseau sur la nature et la genèse de la guerre et sur le statut d’un droit inter-étatique. L’État est-il ce qui empêche les hommes de se faire la guerre ou est-il la cause de l’apparition de la guerre ? La guerre peut-elle être soumise à des règles de droit ? Peut-on espérer une fin de toute guerre ? A quelles conditions une forme d’institution confédérale pourrait-elle assurer, par le droit, une paix perpétuelle ?


Le salarié et l’entreprise dans le Japon contemporain

Le salarié et l’entreprise dans le Japon contemporain

par Bernard Thomann.

Paru le : 1/09/2008

Editions Les Indes savantes

Collection : Asie XXI

Cette histoire du salarié japonais commence avec la « Révolution » Meiji du Japon dans la seconde moitié du XIXe siècle, et se déroule jusqu’à la crise économique qui ébranle le Japon à partir des années 1990 et au début du XXIe siècle.

L’ouvrage éclaire notamment la genèse et l’histoire du « modèle japonais » qui prévalut à partir de 1945 (emplois à vie, salaires à l’ancienneté, paix sociale), modelant pour un demi-siècle la société japonaise toute entière. L’auteur apporte un éclairage crucial sur l’histoire sociale et économique du Japon, et permet de comprendre les origines et les enjeux des bouleversements qui agitent actuellement la seconde puissance économique mondiale.


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